Une réédition attendue
Voici la réédition de Vision aveugle, roman culte de Peter Watts, déjà paru au Fleuve noir en 2009, dans une réédition aux éditions du Bélial avec une (superbe) couverture de Manchu. Auteur fascinant (la trilogie des Rifteurs, le recueil Au-delà du gouffre), Watts s’attaque ici à un des thèmes les plus éculés de la science-fiction, le premier contact avec une espèce extra-terrestre. Mais on va voir vite qu’il le fait d’une manière assez surprenante.
Un équipage détonnant face à des extraterrestres déroutants
À la fin du XXIe siècle, les nuages s’amoncellent pour l’humanité, empêtrée dans des guerres et des catastrophes environnementales. Mais l’espèce réalise qu’elle n’est pas seule, elle se fait « photographier » (flashé ?) par des machines extraterrestres situées aux confins du système solaire. Pourquoi ont- « ils » fit cela ? Qui sont- « ils » ? On envoie un astronef, le Thésée, avec à son bord un équipage disons particulier : on y trouve des humains génétiquement modifiés, une linguiste dotée de personnalités multiples, un diplomate, Siri Keeton (le narrateur de l’histoire) amputé d’une partie de son cerveau dans l’enfance et dénué d’empathie et enfin le capitaine, Sarasti… Sarasti est un vampire, recréé génétiquement pour son intelligence et ses sens plus développés. Arrivé dans le nuage d’Oort, l’équipage du Thésée va rencontrer une intelligence radicalement différente…
Un roman décapant
Vision aveugle, augmenté ici d’une nouvelle (Les dieux insectes), est un roman touffu qui croise au fond bien des thèmes : premier contact, Transhumanisme, perception (on y apprend que ce que notre cerveau perçoit est en fait une reconstitution mais chut), etc… les personnages, au premier plan Keeton (dont on découvre au fur et à mesure le passé) et Sarasti sont fascinants et l’intrigue est prenante, voire par moments angoissante. La fin est d’ailleurs magistrale mais encore une fois chut. Je ne peux que vous inviter à découvrir Vision aveugle.
Sylvain Bonnet