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Un souvenir de Loti

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 01/09/2018  -  livre
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Philippe Curval - Un souvenir de Loti

Un monde paradisiaque

Loti et Marjorie s'aiment et veulent passer les dernières années de leur vie dans un endroit utopique et paradisiaque, soigneusement choisi. Cet endroit, c'est Nopal, une petite planète qui ne fait pas partie de la Ligue et que tous les récits décrivent comme mystérieuse, semblable à aucune autre, d'une beauté sans pareille, consacrée uniquement aux plaisirs et à la créativité.

Après plusieurs années de préparation, Marjorie et Loti sont enfin prêts à découvrir Nopal et à s'y installer jusqu'à la fin.

Tout n'est que merveilles autour d'eux, les autochtones sont d'une serviabilité sans limite, les plaisirs et les découvertes s'enchaînent sans relâche. Marjorie et Loti, les deux Terriens âgés de plus de 120 ans, ont-ils atteint leur but, finir doucement leur vie en Utopie

Les choses commencent doucement à dérailler. Loti est contraint d'oublier le nom de sa planète natale, tandis que Marjorie s'enflamme pour donner des droits aux androïdes dont les Népalais se servent pour se débarrasser des tâches ingrates : pas d'esclavage en Utopie ! Mais peut-on parler d'esclavage au sujet de robots ? Et comment s'y retrouver lorsqu'on utilise ces robots pour mener une révolution justement dans le but de les libérer de leur condition ?

Loti et Marjorie, entre deux parties de plaisirs, vont se confronter à beaucoup de problématiques sur le modèle d'utopie proposé par les Népalais. Jusqu'au jour où ils proposent au couple d'accomplir le Passage, pour devenir des êtres meilleurs. Est-ce une bonne idée de vouloir changer, améliorer les gens ? Que se passe-t-il quand on touche de trop près aux fragilités de l'inconscient ?

Une utopie très longuement décrite

Ce court roman se veut une description détaillée et inspirante d'un monde utopique éloignée des laideurs et bassesses habituelles. Les paysages sont paradisiaques et variés, la nourriture délicieuse et abondante, personne ne travaille mais tout le monde crée, la sexualité est d'une liberté absolue, les androïdes s'empressent de satisfaire la moindre demande, il n'y a aucune trace de violence sous quelle forme que ce soit. Que demander de plus ?

Loti et Marjorie, les deux centenaires doués de l'énergie de quadragénaires, profitent donc au maximum des largesses de Nopal : des amours totalement libres (à tel point que certaines scènes ressemblent à des orgies sexuelles, avec un goût certain pour les très jeunes filles et les formes non humaines), des magasins débordants de vivres, des androïdes manipulables, des autochtones serviables à l'excès, une maison déjà prête pour eux... La liste ne s'arrête pas : le lecteur se sent environné, presque submergé de choses magnifiques dont il peut profiter à l'excès, à l'image des personnages principaux.

Des failles

Mais Loti et Marjorie essaient aussi de trouver une faille, de démontrer que cette utopie n'en est finalement pas une ; ils essaient en somme de piéger leurs hôtes, de démystifier le mystère de Nopal. Les choses leur paraissent trop belles, ils sont persuadés qu'elles cachent des secrets inavouables.

Nopal donne vraiment beaucoup, mais elle prend aussi – des mots, des idées, des souvenirs. Marjorie se lance dans une révolution pro-androïdes, mais peut-on vraiment mener une révolution chez les habitants de Nopal ? Peut-on changer les choses dans une société sans règles, sans lois, qui ne possède justement que son extrême versatilité ?

Et lorsque l'heure du Passage arrive, pour Loti comme pour Marjorie, d'autres failles irrémédiables vont apparaître.

Un roman sensuel et réflexif

Grand nom de l'imaginaire à la très longue carrière, Philippe Curval livre ici un roman un peu étrange, d'une sensibilité et d'une sensualité exacerbées. Les descriptions sont longues et attirantes à souhait, presque à l'excès : le vocabulaire est riche et la langue vraiment magnifique, mais c'est trop, le lecteur est un peu perdu face à tant de magnificence.

Au-delà de la beauté de cet univers, Un souvenir de Loti nous donne aussi une réflexion sur des concepts qui se veulent eux aussi utopiques : se considérer comme la création d'un dieu qui n'existe pas, vivre dans une société qui n'existe que pour changer mais qui n'évolue pas, créer et donner un statut à sa création...

Les étrangetés des Nopalais n'ont pas fini de surprendre Loti, Marjorie et leurs lecteurs.

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