Qui a peur de la mort ? est le roman le plus connu de Nnedi Okorafor, un récit étonnant entre science fiction, fantasy et surtout l'Afrique. Prix Imaginales, World Fantasy Award, Prix Lucioles de l'imaginaire, on vous donne nos trois raisons de lire ce livre qui détonne dans les littératures de l'imaginaire...
Rencontrer Onyesonwu, l’héroïne de « Qui a peur de la mort ? » c’est sans doute se payer le luxe d’entrer, un peu, dans la vie de son autrice Nnedi Okorafor.
C’est une rencontre de l’Afrique d’hier et de celle aujourd’hui. On y retrouve la même douleur des sévices faits aux femmes, pour mieux s’en affranchir en luttant. On se cogne aux relents d’obligations ancestrales pour mieux les rejeter ou les comprendre et s’en emparer. Onyesonwu, fille du viol d’un homme d'une autre tribu, tâche de vivre avec, même mal, pour dépasser la douleur de l’ostracisme et en triompher. Elle n’est pas seule. L’amour d’une mère est sans égal, ou alors il ressemble à la passion de celui qui est tout à fait le même et bien différent. Car il est homme. Car son parcours de lutte ne le mène pas aux mêmes pouvoirs de transcender la réalité.
C’est confronter le réel et l’imaginaire. Les jours qui passent, c’est la mort du père adoptif tant aimé, le rite du corps qui mûrit, les autres qui vous jugent différente parce que la peau est plus claire, que votre vrai père est un étranger violeur et parce que vos réactions du quotidien sont outrancières. La jeune héroïne va se trouver un mentor, mettre sa colère au service d’une magie puissante, qui peut détruire, ou, maîtrisée, combattre les maux et les mauvais esprits.
C’est mettre en balance la vie et la mort. Que ferions-nous si nous connaissions la date de notre trépas ? Si notre naissance, les combats de nos frères contre l’oppresseur, notre puissance d'incantation faisaient de nous une « élue », aurions-nous le courage d’accepter les lendemains ?
J’aime « Qui a peur de la mort ? » pour ces trois raisons mais surtout parce que ce personnage de jeune femme m’a émue, parce que c’est un sublime roman d’apprentissage, parce qu’il illustre de manière totalement originale la question qui taraude beaucoup d’entre nous : choisit-on son destin ? Et parce que l’afro-futurisme vient d’entrer chez moi avec fracas, je vous invite à le découvrir.
