Arrivé il y a un an sur le devant de la scène SF, Johan Heliot avait marqué les esprits avec son premier livre La lune seule le sait. Quelques nouvelles plus tard et un prix Rosny Aîné 2001 récolté au passage, voici l’heure délicate de la confirmation avec son second ouvrage : Reconquérants. Cette fois, fini le steampunk de La Lune seule le sait. Embarquement immédiat pour une Uchronie décoiffante dans une antiquité parallèle.
Des romains et de l’uchronie…
Toute l’intrigue de Reconquérants prend naissance dans un fait historique marquant : l’assassinat de César par les sénateurs romains, son fils en tête. Véritable petite bombe politique dans l’Empire d’alors, l’événement avait divisé la population, obligeant certaines factions à s’enfuir. Après un long exode maritime, l’une d’entre elles accosta sur une petite île déserte et éloignée de tout. Le royaume de Libertas était né ! République à la mode romaine, ce pays a peu évolué dans les siècles qui ont suivi. Elle a gardé la même manière de vivre et la même structure. Mais surtout, une idée folle est restée ancrée dans l’inconscient collectif : un jour, les troupes de Libertas débarqueront dans l’empire qui les a chassés. Et pour la plus grande gloire de leur Etat, elles y rétabliront la république !
L’idée est louable mais bien entendu, rien ne se passe comme prévu. Non seulement, sous l’endoctrinement se cachent des objectifs inavouables pour les dirigeants mais, en plus, l’Europe ne ressemble plus du tout à ce que leurs grands-parents ont connu 15 siècles auparavant. Toutes traces de la grandiose civilisation romaine y a disparu. Il ne reste plus qu’un continent ravagé que hantent d’étranges peuplades et créatures sorties de l’enfer.
Pas de choc des cultures mais de l’aventure…
Avec ces derniers mots vous aurez compris que Johan Heliot donne dans l’Uchronie. Situant l’intrigue au XVème siècle, son Europe n’a rien à voir avec celle de notre Histoire avec un grand " H ". Et c’est sans doute là que le bat blesse. Dans les 150 premières pages, tout est parfaitement en place pour une rencontre fabuleuse entre romains et européens de la fin du moyen-âge. On savourait même d’avance l’affrontement entre les hommes volants de Libertas et les chevaliers chrétiens. Malheureusement, le choc des cultures n’a pas lieu. A la place, le lecteur a le droit à un roman d’aventure somme toute classique mais peu enthousiasmant par rapport à ce qu’il aurait pu être. Bref, on regrette la voie choisie par l’auteur. Pour le reste et nos espoirs mis à part, Reconquérants est un petit livre sympathique mais sans plus. On appréciera le personnage principal et les innovations de Libertas (comme les dirigeables géants transportant les troupes). Par contre, la seconde partie du roman rend l’intrigue un peu trop classique à notre goût. Dommage…
