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Rencontre avec Julien Simon pour découvrir Rocambole !
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Rencontre avec Julien Simon pour découvrir Rocambole !

Rocambole est une application pour lire des séries par épisodes de 5 minutes. Une nouvelle manière d'aborder la lecture, avec évidemment de l'imaginaire au programme (entre autre). Hermine Hémon a posé quelques questions à son créateur, Julien Simon.

Actusf : Bonjour Julien et merci de prendre la parole sur Actusf ! Pour commencer pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours pour nos lecteurs ?

Julien Simon : Je m'appelle Julien Simon, j'ai 38 ans et je suis co-fondateur et directeur éditorial de l'application Rocambole. Dans une vie précédente, j'ai créé la maison d'édition Walrus, une maison 100% numérique spécialisée en littératures de l'imaginaire, où nous avons publié de nombreux auteurs que vos lecteurs connaissent bien, comme par exemple Michael Roch ou Stéphane Desienne. Je navigue dans le milieu de l'édition numérique depuis presque 10 ans maintenant, et je forme également les nouvelles générations d'éditeurs et de fabricants à l'art délicat du livre numérique dans différentes écoles professionnelles. Dans une autre vie encore, j'étais libraire. Autant dire que chez moi, le livre confine à l'obsession.

Actusf : Vous êtes notamment directeur éditorial chez Rocambole App, une appli de lecture de séries. Pouvez-vous nous présenter Rocambole et son concept ? Un Netflix du livre ?

Julien Simon : Pour plaisanter, mon associée et très chère directrice Camille Pichon dit souvent que c'est Netflix qui est le Rocambole de la vidéo, pas l'inverse, haha. Bon, c'est une analogie un peu simple que beaucoup de journalistes utilisent pour parler de nous, et je ne suis pas très à l'aise avec elle, mais elle a le mérite de donner une idée de ce que nous faisons aux gens qui ne nous connaissent pas du tout. Le principe de Rocambole, c'est de proposer un large catalogue de "séries littéraires", des histoires bien ficelées qui se dévorent toutes seules, sous forme d'épisodes qui demandent environ cinq minutes de lecture chacun. Comme la plupart des plateformes de ce type, nous proposons une partie gratuite et une autre payante, via un abonnement mensuel ou annuel. L'idée, même si j'adore Wattpad, c'est de faire un anti-Wattpad : un catalogue resserré, mais sélectionné et travaillé avec un soin tout particulier, et donc forcément payant, même si l'accès aux séries est en ce moment gratuit avec le confinement. Le but de Rocambole, c'est de vous faire lire de la fiction sur votre smartphone, et de vous donner envie d'y revenir à chaque fois que vous avez cinq minutes, ou plus.

Actusf : Pourquoi ce choix de nom d’ailleurs, un hommage au roman-feuilleton et à Pierre Ponson du Terrail ?

Julien Simon : Exactement ! Camille, la fondatrice, s'est spécialisée dans le roman-feuilleton du XIXe siècle pendant ses études, et elle tenait à ce clin d'œil. Je trouve que c'est un bon nom, ça change des anglicismes qu'on voit fleurir partout.

Actusf : Le catalogue Rocambole contient actuellement plus de 50 séries. Quels sont les genres littéraires représentés ? Quelle place est accordée à l’imaginaire dans votre catalogue ?

Julien Simon : Sur Rocambole, nous essayons de faire de la place à tous les genres, quels qu'ils soient : ça va de la romance au thriller en passant par l'historique ou la comédie, et évidemment tous les genres de l'imaginaire sont représentés : à eux trois, fantasy, fantastique et science-fiction représentent plus de la moitié de notre catalogue. Autant dire que la place est belle.

Actusf : J’imagine que vous pouvez accéder aux statistiques de lecture – un genre ou thème particulier attire-t-il les lecteurs et lectrices en ce moment ?

Julien Simon : Nous commençons tout juste à remarquer des tendances, et pour un éditeur c'est tout à fait fascinant de voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins, à quel moment le lecteur décroche, quelle série marche et pourquoi… Nous enregistrons des succès de lecture dans tous les genres, mais nous remarquons, davantage que les genres, que ce sont les mécanismes de narration qui ont une importance dans le succès ou l'insuccès d'un titre. C'est passionnant de tenter de déchiffrer ces engrenages narratifs, et d'essayer de les reproduire tout en gardant une grande exigence en matière de qualité littéraire.

Actusf : Quelle est votre ligne éditoriale ? Comment choisissez-vous les autrices ou auteurs publiés chez vous ? L’exercice de la série littéraire est assez particulier…

Julien Simon : Notre ligne éditoriale est principalement dictée par le format plutôt que par le genre : j'accepte des textes de tous horizons, mais ils doivent être de vraies séries, non des romans tronçonnés artificiellement, avec ce que cela implique d'exigence narrative, de rythme, de traitement des personnages. L'équipe édito est bien entendu là pour guider les auteurs, et leur proposer des ajustements si leur proposition ne rentrait pas tout à fait dans les cases, mais qu'elle s'avérait néanmoins intéressante. Mon exigence principale, c'est que l'histoire soit excellente. En pratique, nous demandons aux auteurs qui nous envoient des projets via notre formulaire en ligne de nous adresser un premier épisode rédigé, ainsi qu'un synopsis complet de la suite, épisode par épisode. Nous travaillons en priorité sur le pitch, puis sur le synopsis, qui doit être validé avant d'envisager une rédaction complète. Comme dans le cinéma ou les séries TV, en fait. Nous allons aussi chercher des auteurs quand nous pensons que cela pourrait "coller" entre nous. Et on espère qu'il y en aura de plus en plus !

Actusf : Le confinement a-t-il selon vous fait évoluer (de manière positive) le regard porté sur le numérique ? Ou est-ce un effet de la période qui retombera dès la fin de ce dernier ?

Julien Simon : J'ai l'impression que certains ont découvert la lecture numérique à la faveur du confinement, et je crois que c'est une des rares choses positives dans toute cette histoire, non ? Plus sérieusement, oui, les ventes en numérique ont explosé et je m'en réjouis, même si je ne doute pas qu'elles baisseront sitôt que les librairies rouvriront. Mais peut-être aura-t-on réussi à en convaincre quelques-uns, voire un peu plus, et à initier de nouveaux usages. Ça fait dix ans que je me bats pour ça, donc chaque pas en avant est une victoire. Rocambole est le digne héritier de ce combat. À titre personnel, je suis convaincu que le numérique est une chance pour la lecture et la littérature. Après tout, on a tous ou presque un smartphone dans notre poche.

Actusf : Quels sont les projets à venir de Rocambole ou les futures séries à suivre ?

Julien Simon : Nous lançons dans les prochaines semaines nos premières séries "non-fiction", inspirées du journalisme narratif américain : des documentaires ou témoignages écrits avec panache, aussi agréables à lire qu'une fiction. Nous lançons également nos premiers "pools" de production, c'est à dire des équipes d'auteurs et de scénaristes qui vont travailler de concert pour écrire des séries "100% Rocambole", réalisées en interne et répondant complètement à nos exigences dramaturgiques. C'est un défi très excitant, et un procédé avec lequel je compte bien prouver qu'on peut faire naître une littérature de qualité avec un travail d'équipe. Avec ce système, nous prenons un peu à revers le mythe de l'écrivain habité par l'inspiration divine, au travail duquel on ne peut pas retirer la moindre virgule, pour paraphraser Cyrano.

Actusf : Le mot de la fin ?

Julien Simon : Téléchargez Rocambole ! Vous pourrez vous faire une idée de ce que nous publions en lisant vos premières séries gratuitement. C'est un challenge éditorial qui me tient beaucoup à cœur, car je veux prouver que des entreprises françaises peuvent concurrencer des géants américains en matière de divertissement et de culture numérique. C'est important de ne pas leur laisser trop de place, et de se battre sur le terrain qu'ils essayent d'occuper. La nature a horreur du vide. Et puis c'est toujours excitant d'aller explorer des terres éditoriales inconnues et d'essayer de nouvelles choses, non ?

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