Actusf : Bonjour Raphaël et merci de prendre la parole sur Actusf ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre structure, les éditions Ogmios, pour nos lecteurs ?
Raphaël Crouzat : Bonjour à vous et merci de m’offrir la parole, enfin la plume, ici. Pour me présenter en quelques mots, j’ai un parcours atypique. Si lors de mes études, je m’orientais vers la commercialisation du livre (donc plus côté diffuseur), j’ai finalement atterri un peu par hasard dans un autre métier le transport et la logistique puis le projet industriel. C’est assez tard que, finalement, j’ai décidé de changer de branche et de me donner la chance de faire ce que je voulais vraiment faire depuis longtemps, éditeur. J’ai donc repris mes études et monter ma maison.
Ogmios Éditions est donc né d’une envie, celle d’éditer et de publier des romans de fantastique, d’horreur, de fantasy et de science-fiction tout en ayant une petite préférence pour les deux premiers genres. Créer ma maison ça m’a permis d’y mettre des valeurs chères à mon cœur que ce soit dans l’attention portée aux choix des textes, la volonté de les travailler ensemble avec les auteurs et autrices, ou que ce soit dans une approche à la « commerce équitable » dans nos relations avec nos partenaires.
Actusf : Pourquoi avoir choisi ce nom, Ogmios, d’ailleurs ?
Raphaël Crouzat : Ogmios est le nom d’une divinité celte, que les romains ont assez rapidement assimilé à Hercule. Il s’agit du Dieu de l’éloquence, de celui qui vainc ses ennemis par la parole. Féru de mythologie celtique, j’ai trouvé que ça ferait un très bon nom pour une maison d’éditions de littératures de l’imaginaire.
Actusf : Vous proposez plusieurs collections au sein de votre structure, pouvez-vous nous les présenter brièvement ?
Raphaël Crouzat : Il y a notre collection générale avec laquelle nous souhaitons proposer des textes essentiellement fantastiques, mais aussi de fantasy, de science-fiction ou d’horreur, d’auteurs et d’autrices francophones qui fassent vivre aux lecteurs des émotions puissantes. J’ai un goût prononcé pour les histoires sombres, étranges et inquiétantes.
Nous avons commencé à publier dans notre collection « Kabuto » (le heaume typique du guerrier samouraï) avec Seppuku de Romain d’Huissier et nous enchainons avec la trilogie « La Lame et le Sang » de Julien Schneider. Kabuto est une collection de textes de fantasy nerveux, sans concessions inspirés par le folklore du Japon médiéval.
On a lancé récemment « Les Dits d’Ailleurs », une série de publication de courtes nouvelles dont le ton se veut étrange, inquiétant et décalé dans la veine des films de genre, des « Penny Dreadfuls » anglo-saxons, ou encore des « Weird Tales ».
Enfin nous travaillons sur « Lueurs Obscures » qui verra le jour en seconde partie de 2020 et qui proposera des histoires courtes ou novellas sombres à l’inquiétante étrangeté. Avec un temps de lecture d’environ une heure.
Actusf : Nous nous intéressons principalement aujourd’hui à la collection Kabuto ! Comme son nom le laisse supposer, elle s’intéresse tout particulièrement au Japon médiéval et son folklore. Comment est née cette collection ?
Raphaël Crouzat : Les étoiles se sont alignées ! En fait tout simplement on avait reçu plusieurs manuscrits qui m’ont plu à peu près au même moment sur le thème du Japon médiéval avec une pointe de fantastique. C’est un thème qui m’attire beaucoup et avoir ces textes dans la même veine au même moment ne pouvait être qu’un signe des kamis. Il m’a semblé que ça coulait de source. Et pour enfoncer le clou au moment où je commençais à y réfléchir sérieusement, j’ai reçu une autre proposition sur un texte en cours d’écriture dont l’univers lourdement inspiré du Japon médiéval m’a immédiatement séduit. Bref, c’était une réelle évidence.
Actusf : Le premier texte de cette collection, au titre plutôt évocateur, est Seppuku de Romain d’Huissier. Pouvez-vous nous présenter ce récit et votre choix de l’intégrer dans la collection ?
Raphaël Crouzat : Seppuku est une tragédie, on y suit les aventures de Naigo Kurogane, jeune samouraï parti en manœuvre avec les hommes de son clan. Ils vont subir une cuisante et sanglante défaite auprès d’un groupe d’étranges individus aux sinistres motivations et aux pouvoirs hors normes. Kurogane agonisant sera sauvé in extremis par un Onmyoji et fera le choix de se venger. Il sera accompagné dans sa quête par Netsuko une prêtresse d’Amaterasu. C’est une histoire de vengeance jusqu’au-boutiste.
Quand j’ai reçu le manuscrit de Romain (préalablement édité chez Trash), j’ai immédiatement été saisi par l’intensité du récit et sa fluidité. J’ai vraiment été impressionné par son talent d’écriture et son travail sur les scènes d’actions notamment. À ce moment-là l’idée de Kabuto était en arrière-plan, mais ça a été une évidence. Il me fallait ce récit qui a été pour moi un vrai coup de cœur. On y retrouve beaucoup d’éléments et de références qui m’avaient marqué en tant qu’adolescent.
Au moment où j’ai décidé de lancer Kabuto, je savais que les romans de la collection n’épargneraient pas toujours le lecteur. Après tout, les histoires de samouraï et le folklore japonais sont durs et violent. Aussi il m’a semblé tout naturel de faire entrer Seppuku dans la collection.
Actusf : Le second est en fait une trilogie – La Lame et le sang de Julien Schneider, qui a d’ailleurs bénéficié d’une belle campagne sur Ulule. Pouvez-vous nous présenter ce projet également ?
Raphaël Crouzat : Je crois bien que Le Seigneur Maudit, le tome 1 de la trilogie est un des tous premiers manuscrits que j’ai reçu avec Ogmios. Je l’avais mis de côté le temps de lancer notre premier titre à ce moment-là et quand j’y suis revenu, j’ai rapidement été séduit par le travail sur les personnages que j’ai trouvé très bien construit ainsi que par l’histoire que racontait Julien. On a donc rapidement échangé et on a décidé de travailler ensemble.
À ce moment-là, Julien était en train de finaliser son tome 2, mais il avait déjà posé pratiquement toute la trame narrative de la trilogie qui tourne autour d’une lame étrange, trop grande pour un homme et qui a la particularité d’absorber le sang de ceux tués par elle. Takeshi son détenteur doit lutter contre cette soif contre-nature, il cherche un moyen pour se libérer de ce fardeau. C’est alors qu’il croise la route d’Akira, son ancien condisciple. Lui est devenu le yojimbo de Mariko une mystérieuse jeune noble dépossédée de ses terres qui cherche à les reprendre. Ils seront rejoints dans leur quête par Murazaki, une jeune femme capable d’entendre les voix des kamis. Ils entameront alors sans le savoir, la voie qui les mènera à la rencontre de leur destin et de celui du Japon.
C’était réellement séduisant comme histoire, mais une trilogie c’était très ambitieux pour une maison d’éditions de la taille d’Ogmios. C’est pour cela que nous sommes passés par un financement participatif via Ulule. Grâce à la campagne on a pu obtenir les fonds nécessaires pour finaliser l’ensemble du projet. En effet je ne voulais pas publier un tome seul et avoir le risque de ne pas pouvoir faire la suite ce qui aurait été source de frustration pour tout le monde, lecteurs et auteur.
Actusf : Le travail visuel des couvertures est primordial, comment avez-vous abordé cet aspect de la collection ?
Raphaël Crouzat : Je cherche à faire en sorte que la couverture colle au style du roman. Il me semble primordial qu’outre être attirante visuellement, elle ne soit pas une publicité mensongère. Elle est une sorte de promesse tout autant qu’elle doit éveiller l’attrait et la curiosité. Il est important donc qu’elle véhicule des éléments du récit, son ambiance notamment.
Je garde ça en tête quand je travaille avec les artistes qui vont réaliser la couverture. Ça oriente aussi le choix de l’artiste dont le style doit correspondre à celui de l’auteur.
Après nous travaillons en collaboration, je résume le roman et donne quelques pistes qui vont servir de base de réflexion pour la réalisation de la couverture. Après, c’est un échange avec la personne réalisant la couverture.
Actusf : Des nouveaux titres sont-ils prévus ?
Raphaël Crouzat : On en a plusieurs. Pour Kabuto il nous faut déjà achever la parution de la trilogie, mais comme je l’ai évoqué un peu plus tôt il y a également le roman d’une jeune autrice en cours de préparation.
Hors Kabuto, le premier roman qui rejoindra la collection principale sera Chaos Ex Machina de Jack Machillot, un roman cyberpunk avec une pointe de Mythe de Cthulhu. Il arrivera, là au premier trimestre. Il sera suivi de près par deux autres romans. On a un début d’année chargé.
Actusf : Où pourra-t-on vous retrouver prochainement en dédicace ou salons ?
Raphaël Crouzat : Nous n’avons pas encore bouclé notre calendrier, mais nous seront présent au FiMaJe à Antibes les 21 et 22 Mars prochains. Pour la suite on espère être là aux Imaginales à Épinal les 14 et 17 mai.