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Requiem en catastrophe majeure - Les secrets d'écriture d'Olivier Gechter
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Requiem en catastrophe majeure - Les secrets d'écriture d'Olivier Gechter

A l'occasion de la sortie récente de Requiem en catastrophe majeure, Olivier Gechter revient sur l'écriture des nouvelles (més)aventures d'Evariste.

Actusf : Requiem en catastrophe majeure, paraît prochainement aux éditions Mnémos. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ? Est-ce une suite directe d’Evariste ?

Olivier Gechter : Même si ça ne saute pas aux yeux en lisant le titre, oui, Requiem en catastrophe majeure est la suite d’Evariste. Dans l’esprit des pulps, ce n’est pas une suite qui nécessite obligatoirement d’avoir lu le premier volume, car on y trouve tous les éléments pour introduire l’univers d’Evariste (sans pour autant raser ceux qui le connaisse déjà. Oui, c’est un métier).
Comme souvent, je cherche mes idées en commençant par la fin. Quel méchant pittoresque allais-je vouloir mettre en scène ? Comme Evariste et ses amis allaient-ils le vaincre ? Et pourquoi est-il si méchant ?
Une fois que je me trouve avec une bonne panoplie de méchants et de climax, je réfléchis longuement aux différents scénarios, je collecte aussi une foule d’anecdotes que je trie. Et un jour, un détail fait qu’un histoire sort du lot et je pars dessus.
J’avais le choix de mettre en scène des ingénieurs électroniciens immortels, un designer from Hell ou faire évoluer Evariste dans le monde musical : c’est cette dernière idée que j’ai choisie.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Olivier Gechter : Pour résumer en quelques mots, Evariste doit rembourser ses dettes envers Gidéon Bomba, honorer un carnet de commandes chargé, enquêter sur la mort d’un chanteur à succès, se débarrasser d’un fantôme encombrant, reconquérir le cœur de sa belle, sauver son bilan comptable et échapper à tous les cinglés qui veulent sa peau. Et tout ça en moins d’une semaine.
Et avec the Jimi Hendrix Experience et Phantom of the paradise en BO.

Actusf : On suit donc le parcours (ou plutôt les mésaventures) d’Évariste Cosson, consultant en occultisme industriel. Est-ce un métier qui existe vraiment ? Comment avez-vous créé ce personnage ?

Olivier Gechter : Le métier existe réellement. Plusieurs occultistes proposent leurs services à des chefs d’entreprises superstitieux. La plupart propose simplement une prestation de voyance. Et pour être franc, Évariste est le seul à ne pas être un charlatan.

L’idée du personnage m’est venu il y a quelques années, quand je travaillais sur la construction de machines pharmaceutiques. Nous avions un projet sur lequel nous avions tellement d’ennuis qu’un jour, j’ai suggéré qu’on exorcise le site, au cas où il ait été construit sur un ancien cimetière indien. Plus tard, sur un autre projet, le client (indien justement), nous envoya un Brahmane pour purifier la machine avant son départ de l’usine. Et pour finir, j’avais un collègue qui s’appelait Cosson et ressemblait à Harry Potter. Un jour, je lui ai dit qu’il ferait un bon héros de roman et ça a fait tilt dans ma tête. Il a fallu trouver une histoire, des comparses, etc. mais j’avais le contexte et le personnage principal.

Pour l’anecdote, il faut savoir que j’ai recroisé de l’occultisme dans mon métier à deux reprises : lors de l’embarquement d’un réacteur nucléaire de 300 tonnes sur un navire japonais, le fournisseur avait organisé une cérémonie shintoïste pour s’assurer que les Kami de la mer ne coulent pas le cargo. Deux ans après, sur un projet chinois, il fallut déplacer une réservoir de secours parce qu’un dragon était supposé vivre là où il était prévu de l’installer. Et comme on ne prend pas de risques dans le nucléaire, on a déplacé le réservoir et fait bénir le site.

Actusf : Aptitudes paranormales, sortilèges… Comment avez-vous construit votre univers ? Avez-vous fait un plan détaillé ou bien avez-vous laissé libre cours à votre imagination ?

Olivier Gechter : Je détaille énormément, comme vous l’avez sans doute deviné. Je suis le type même de l’auteur architecte : je commence le travail en déterminant quel est le climax, je fais des plannings, des chemins de fer pour voir où les arcs narratifs se croisent, je jalonne et je chapitre avant même d’écrire une ligne.
Évidemment, ça ne veut pas dire que je ne laisse pas mon imaginaire vagabonder. Entre deux jalons, je me laisse aller, afin que les dialogues soient le plus spontanés possibles. C’est pour ça que j’écris le matin, quand je ne suis pas encore bien réveillé.

Actusf : Lorsque vous avez écrit Evariste, le scénario de Requiem en catastrophe majeure était déjà tracé egalement ?

Olivier Gechter : Non, pas du tout. J’ai commencé à réfléchir à une suite après la publication, quand j’ai senti que le public accrochait.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographiques ou encore musicales pour cet univers ?

Olivier Gechter : Côté livres, je m’inspire surtout d’essais ou de traités. Le plan de Paris, les guides noirs des éditions Tchou, ou un dictionnaire des sociétés secrètes (trouvé par hasard dans une poubelle). La biographie de Hendrix m’a bien sûr été très utile aussi.
La plupart des romans qui auraient pu m’inspirer (Le bureau des atrocités de Charles Stross, la série de Thrusday Next, de Jasper Fforde, ou les Aventures de maître Li et Boeuf numéro 10, de Barry Hughart), je les ai découverts seulement après avoir écrit Evariste.
Mais surtout, je m’inspire de Paris. Les gens d’abord. J’aime bien noter les noms amusants, les physiques particulier. Et ensuite les rues. J’essaye d’y voir des choses cachées, là où il n’y a rien que de très banal. Un numéro qui manque au dessus d’une porte, des moulures bizarres, un coin de rue où les gens abandonnent des livres, un restau rigolo, et ça suffit à me donner des idées amusantes à exploiter.

Actusf : Vous écrivez aussi des nouvelles. Travaillez-vous de la même façon pour des textes courts ? Pourquoi choisir d’écrire de l’imaginaire ?

Olivier Gechter : J’écris plus ou moins de la même façon. La fin d’abord etc. Mais c’est généralement plus court. (rire) Il m’est arrivé d’écrire une nouvelle dans la journée, quand je suis tombé sur LA bonne idée.

J’écris de l’imaginaire par hasard. Avant je ne m’intéressais qu’aux traités, aux essais et aux polars. J’écrivais de la vulgarisation historique pour m’amuser. Et puis un jour, un copain m’a poussé à participer à un concours de nouvelles (c’était le concours 85e dimension, de l’asso qui allait devenir ActuSF)… que j’ai gagné dans la catégorie SF. C’était Roland C. Wagner qui présidait le jury et il m’a encouragé à continuer. On ne dit pas non dans ces cas là.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous dorénavant ? Une nouvelle aventure d’Evariste ?

Olivier Gechter : Non, je travaille sur un polar fantastique beaucoup moins drôle, même si le personnage principal ne manque pas d’humour. J’espère finir cet été. Il faut aussi qu’on écrive les dialogues de la 5e saison des Archives de l’insondable (Insondable.fr et sur toutes les bonnes applis de podcast), et finir un livre de cuisine en cours. Ensuite, peut-être Evariste, peut-être le Baron Noir, peut-être un roman de SF… On verra bien.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Olivier Gechter : Je serai au Festival Steampunk du Fort de Condé, dans l’Aisne, le 10 et 11 septembre, puis à Orléans au salon Livre O Coeur le 1er et 2 octobre. Il y aura aussi les Utopiales de Nantes, du 29 octobre au 1er novembre. Ensuite, je suis ouvert à toutes les propositions.

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