Robert Jackson Bennett est né en 1984 à Bâton Rouge en Louisiane. Il grandit au Texas et suit des études à l'Université d'Austin. Sa carrière d'écrivain débute avec deux romans Mr. Shrivers (Eclipse 2011) (Prix Shirley Jackson) et The Company Man (Prix Edgar Allan Poe et Prix Philip K. Dick), deux romans imprégnés d'horreur et de fantastique. Il est également connu pour la série de fantasy Les Maîtres Enlumineurs (Albin Michel). American Elsewhere quant à lui, a également reçu le prix Shirley Jackson en 2013.

Wink, Nouveau-Mexique, une ville trop belle pour être vraie

Mona, ex-flic au passé trouble hérite d'une maison à la suite du décès de son père avec qui elle n'entretenait plus de lien. Cette maison est un vestige du passé de sa mère, qui s'était suicidée 30 ans plus tôt. N'ayant rien d'autre à faire, elle décide alors d'aller à Wink, une étrange ville qui ne figure sur aucune carte, dans l'espoir d'en savoir plus sur cette figure énigmatique de son enfance. Wink est une curieuse ville veillée par une lune rose, comme figée dans les années 1950 où tout le monde semble vivre un quotidien banal, sans histoires, trop propre, trop beau. De quoi davantage susciter sa curiosité et la mener vers des vérités insoupçonnées.

Un page-turner captivant et bougrement efficace

American Elsewhere est la véritable bonne surprise de l'année 2021 en terme de littérature horrifique fantastique pour ma part. Que ces 900 pages ne vous fassent pas peur au premier abord, c'est un pavé qui mérite impérativement qu'on s'y attèle pour les amateurs du genre. J'ai été pour ma part littéralement happée dès la première page, en décrochant à chaque fois avec douleur du récit lorsque je devais m'arrêter. Récit admirablement bien ficelé, Robert Jackson Bennett nous dépeint également une figure féminine forte et emblématique, Mona, pour une intrigue au service d'un mystère, teinté d'occulte et de surnaturel. J'ai lu ce récit comme un bon policier bien haletant et intriguant, en retrouvant des pièces maitresses du fantastique un poil teintée de hard SF pour mon plus grand plaisir.

Le style est fluide et sans fioritures, l'auteur savamment retranscrit par son traducteur nous plonge dans un récit et des descriptions qui susciteront en vous une tension mêlée d'effroi qui vous exigerons toutefois d'en savoir plus. Et c'est probablement en cela que le récit de Robert Jackson Bennett est si bon. Il est d'autant plus bon qu'il arrive à nous intriguer, non seulement par rapport au fait qu'on souhaite en savoir plus sur le personnage principal, mais aussi parce que ces personnages secondaires suscitent au moins autant d'interrogations et d'attachement. On est littéralement baigné dans un univers captivant. American Elsewhere parlera indéniablement aux amateurs de cette époque américaine (ce qui est mon cas), d'horreur lovecraftienne, et de roman psychologique.

Bref, une pépite incontournable, foncez !