Un auteur désormais célèbre

En France on connaît Robert Jackson Bennett surtout depuis la parution d’American Elsewhere (Albin Michel, 2018), roman foisonnant croisant David Lynch et Lovecraft, écrit avec brio. Les éditions du Bélial ont aussi fait paraître une novella, Vigilance, qui peignait une Amérique déclinante et au bord du fascisme : flippant. Les maîtres enlumineurs, publié dans la collection Imaginaire d’Albin Michel, est le premier volume d’un cycle qui a remporté un grand succès outre-Atlantique.

L’enluminure, c’est quoi au juste ?

L’univers de ce roman est basé sur l’enluminure, une technique complexe utilisée par les grandes maisons de la cité de Tevanne et qui leur permet de se servir des objets inanimés au-delà de leur fonction première, contournant ainsi allègrement les lois physiques. Mais les maîtres de cette technique - on en croisera un dans le roman, Orso Iganico - ne la comprennent qu’à moitié : elle a été mise au point par une civilisation disparue, celle des hiérophantes, dont ne subsistent que des légendes… Ce qui n’empêche pas certains enlumineurs de pratiquer des d’expériences, y compris sur des êtres humains.

Une voleuse sans famille

Nous faisons ensuite connaissance avec Sancia Grado, une voleuse particulièrement douée à qui a été greffée dans une plantation une enluminure. Elle a survécu à l’opération et a le don d’entendre et de comprendre les objets enluminés. Elle est engagée par une des grandes familles de Tevanne pour dérober un petit coffre. L’affaire tourne mal et elle est obligée de s’enfuir. Elle a suscité la colère de Gregor Dandolo, un officier de justice de Tevanne, ancien militaire qui a quitté la puissante famille Dandolo. A l’intérieur du coffre, Sancia a trouvé une clef capable de changer le programme des enluminures. Elle se retrouve bientôt au cœur de l’échiquier du pouvoir de Tevanne…

Un roman bluffant

Les maîtres enlumineurs est au croisement de deux genres, la science-fiction et la fantasy. La trame relève du premier genre alors que l’ambiance rappelle le deuxième : de la science-fantasy donc comme on en trouvait autrefois chez Presses Pockets. Il est difficile de résumer l’intrigue qui comporte son lot de révélations. Le roman est en tout cas riche et enthousiasmant. On ne peut donc que le recommander, et passer vite au suivant, Le retour du Hiérophante.

Sylvain Bonnet