Merwan Chabane est d’abord passé par les Arts déco section animation avant de poursuivre dans la même spécialité aux Gobelins. Doublement diplômé, il commence par créer des décors de jeux vidéos puis dessine des story-board pour des longs-métrages. En 2002, il réalise le court-métrage d’animation Biotrope récompensé dans de nombreux festivals tout autour du monde. Un autre court-métrage a suivi : Clichés de Soirées et Merwan Chabane a enchaîné les projets : dessins de l’ouvrage Carmen + Travis, Les Récits (éditions Delcourt), spots publicitaires pour Orange et nouveau domaine, nouveau défi son premier album de BD : Pankat.

« Souvenez-vous que le Pankat est avant tout un art de vivre »

Pour Mané, fraîchement débarqué à Irap, le problème est de survivre et il se débrouille comme il peut, tant pis si ce n’est pas tout à fait dans les règles de l’art. Trouver sa place dans la cité n’est pas chose facile mais la détermination du jeune homme et sa technique particulière de Pankat, acquise en s’entraînant avec son frère dans leur village, attirent l’attention d’Eiam le Scorpion, le plus célèbre des boxeurs. Il invite Mané à assister au tournoi puis à suivre son enseignement. Les strictes règles du Pankat sont difficilement compatibles avec les méfaits nocturnes dans lesquels Fessat, un voleur et assassin qui avait pris la défense de Mané quand il avait été jeté comme un malpropre d’un restaurant, entraîne le garçon.

Un premier tome qui frappe fort

Dès la couverture de l’album sur laquelle Mané tout en couleurs et détails se détache d’un fond en bichromie et plus esquissé, on est frappé par le sens du relief et le dynamisme qu’il produit. Notamment pendant les combats de pankat découpage et graphisme empruntent aux codes du manga pour rendre mieux coups, mouvements et déplacements. Les « trognes » des personnages et leur expressivité variant sur un registre étendu accentuent la tension dramatique. Les différences dans les tonalités illustrent les deux mondes qui s’offrent à Mané : celui proposé par Fessat, sombre de la rapine et de la méfiance dans les coupe-gorge et celui du Pankat incarné par Eiam gouverné par le travail, l’endurance et les règles qui peuvent offrir beaucoup à celui qui s’y distingue. Le livret à la fin de l’album renforce l’impression que Merwan Chabane installe un univers singulier (même s’il rappelle par certains traits ceux de Moebius ou Caza) et dense. Nouveau venu sur le « ring » de la BD, Merwan Chabane s’y défend dans un style percutant puisse-t-il le maintenir dans les deux rounds suivants !