Tatsuhiko Shibusawa (1928-1987), est parait-il, un auteur incontournable de la littérature japonaise (on fait confiance à Actes Sud, j'admets totalement mon ignorance). Il a par ailleurs reçu le prix Kyôka Izumi pour un roman de fantasy Karakusa Monogatari. C'est aussi le traducteur en japonais de Sade, Bataille, Cocteau… Il était également critique d'art, spécialiste de démonologie médiévale consacrée à la magie noire et l'ésotérisme. Le Voyage sur les mers du prince Takaoka est la première de ses œuvres à paraitre en français.
Un récit de fantasy déroutant
Le prince Takaoka (personnage historique du IXème siècle) est le fils d'empereur écarté de la succession impériale. Il se fait bonze, et décide, à l'aube de la fin de sa vie d'entamer un voyage spirituel depuis Canton à destination du "pays des doubles bambous célestes" aurement dit, vers l'Inde. Un périple semé d'embuches et de découvertes de créatures merveilleuses dignes d'un parfait récit de fantasy.
A ne pas mettre entre toutes les mains
Ce voyage du prince Takaoka a été pour moi pour le moins surprenant, j'ai été happée par ce mélange entre Tolkien et Calvino, l'allusion à Dragon Ball, c'est selon moi une belle mise en bouche pour donner envie à un lectorat curieux de se lancer dans de la fantasy japonaise, une première pour moi. Actes Sud sait nous surprendre, leur collection exofictions est toujours aussi originale, on souligne le travail éditorial pour nous pêcher des récits inédits, qui, pour ma part, m'auront parfois fait faire des cauchemars, ou tout simplement perturbé, lorsque je pense encore à certains récits qui sont marquants dans leur singularité d'écriture et de thématique. Le dit voyage sur les mers du sud du prince Takaoka ne fait pas exception.
Ah non, ça c'est sûr. Je m'attendais à un récit un peu farfelu, parfois drôle, et j'ai été tout simplement déconcertée car ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Le choc culturel, me diriez-vous, probablement un peu de ça. Et puis surtout, certains points concernant l'auteur auraient dû me mettre la puce à l'oreille, traducteur de Sade, spécialiste de démonologie médiévale ? Voilà de quoi intriguer.
Le roman est un récit initiatique parsemé de vérités historiques (qui trouve son origine même, le Prince Takaoka a vraiment existé, et son voyage aussi !). L'auteur brode sur ces faits pour nous conter une histoire avec des éléments et créatures merveilleuses, des facéties érotiques pour le moins surprenantes (je pèse mes mots, je n'étais clairement pas prête à lire cela). Le tour dans une atmosphère parfois joviale. On parle tout de même d'une quête spirituelle. Mais ce récit a un je ne sais quoi d'attachant mais aussi très perturbant.
Je serais donc incapable de vous dire clairement si je l'ai aimé ou non, mais pour sûr il me restera en mémoire. Avis aux aventuriers littéraires, foncez ! Pour les autres, dites-vous peut-être qu'il vaut mieux en rester à une littérature plus classique, il n'y a pas de mal à ça.