Comme de nombreux autres auteurs, Ursula K. Le Guin n'eut pas de chance avec les adaptations de sa série. Hormis une version radiophonique (BBC) contée par Judi Dench, où les différentes régions de provenance des personnages étaient rendus par l'utilisation d'acteurs avec des accents de différentes régions de Grande-Bretagne, elle a désavoué plus ou moins fermement les deux films tirés de la trilogie, qui n'avaient qu'un rapport passablement lointain avec l'oeuvre d'origine. A commencer par la couleur de peau des protagonistes : un choix délibéré de U. K. Le Guin pour contraster avec les héros habituels de fantasy et faire passer un message, elle a été systématiquement changée dans les adaptations. La première, un téléfilm de trois heures diffusé pour la première fois en 2004 par Sci-Fi Channel, est censé refléter les deux premiers romans. La deuxième adaptation, encore plus récente, est un film d'animation des Studio Ghibli, qui est censé s'inspirer de L'Ultime Rivage. Dirigé malheureusement par Goro Miyazaki, il est sorti en 2007 sur les écrans français. L'opinion de U. K. Le Guin sur celui-ci est accessible sur son site personnel (www.ursulakleguin.com).
Trois saisons de la vie d'un Mage
Lorsqu'un mage né s'achemine sur le chemin de la connaissance, il y a bien des dangers qui l'attendent, mais aucun aussi vicieux que lui-même, et le danger de l'ubris...
Choisie à la naissance comme réincarnation de
Le jeune Arren a été envoyé par son père auprès de l'Archimage pour trouver le remède au mal qui ronge son peuple. Mais cette recherche l'entraînera bien plus loin que prévu, attaché au magicien...
Trois récits hors du commun dans un style simple
Même si Ged joue un rôle central dans les trois romans, on peut considérer chacun de ceux-ci comme un roman initiatique. Le Sorcier de Terremer relate la formation d'un grand mage, et comment il acquiert la sagesse qui le guidera tout au long de sa vie. Les Tombeaux d'Atuan suit l'évolution d'une jeune prêtresse dédiée à des puissances qui ne devraient pas être servies, et sa douloureuse séparation d'avec tout ce qui formait le coeur de son univers, un peu sous l'influence de Ged, mais surtout par elle-même. L'Ultime Rivage s'intéresse à un jeune homme dont le destin est de conduire son peuple, et qui, de par ses aventures aux côtés du mage, recevra l'éducation qui fera de lui un seigneur hors du commun. Hormis dans le premier roman, le mage est plus un catalyseur du cheminement personnel d'un autre personnage, et le lecteur voit finalement assez peu de lui hors sa personne externe lisse du mage archétypal, tellement sage et plein de compassion qu'il semble abstrait de la réalité, et en devient nettement moins intéressant en lui même. Le tout est présenté dans un style finalement sec, sans fioritures, laissant à l'essence du récit le soin de porter toute l'émotion générée par les retournements dans la vie, mais surtout dans la psyché, des héros. Une approche qui rappelle parfois Les Chroniques de Tornor, d'Elisabeth A. Lynn, écrites quelques années plus tard, et qui permet de voir tout le talent d' Ursula K. Le Guin pour poser des personnages, à partir de petits riens qui les cernent pourtant aux yeux des lecteurs bien mieux que ne le feraient des descriptions. Moins aboutis peut-être que le chef-d'oeuvre qu'est