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Thecel - Les secrets d'écriture de Léo Henry
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Thecel - Les secrets d'écriture de Léo Henry

A l'occasion de la sortie de Thecel, au 1er trimestre 2020 chez Folio SF, Léo Henry revient sur l'écriture de ce nouveau roman.

Actusf : Thecel, votre nouveau roman est paru début mars aux éditions Folio SF. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ?

Léo Henry : Ça fait des années que je tourne autour de l'idée de faire un bouquin de fantasy - genre avec lequel j'ai une relation assez compliquée. En m'engageant dans la série des trois livres pour Folio SF, je savais qu'il faudrait à un moment ou à un autre m'y coller. Je me suis souvenu alors que ce que je n'aimais pas, c'était l'héroïsme, que le merveilleux au contraire me captivait.
Le monde de Thecel est né de mes rêveries d'enfant devant les cartes, réelles et imaginaires, et de ma passion pour le magazine Jeux & Stratégies. C'est de là, aussi, que vient mon goût des labyrinthes.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Léo Henry : Thecel se présente sous la forme d'une fantasy très classique, avec princesse, destin sublime, voyage, magie, dragons. Il cache en réalité un conte sur le refus de parvenir et une apologie de l'anarchisme. Il y a quelques retournements, aussi, des petites surprises.

Actusf : Quelle est votre principale inspiration pour le royaume de Sicles (Littéraires, cinématographiques ) ? Comment avez-vous créé l’histoire de cette princesse et de ce prince ?

Léo Henry : Une des choses qui ont rendu l'écriture de Thecel difficile est que, pour la première fois depuis toujours, j'ai écrit sans arrière-monde, sans références, et qu'il m'a fallu tout construire. Le Casse du continuum était un mash-up de memes SF, La Panse reposait sur un réel très documenté, même Hildegarde était solidement appuyé sur de la documentation, des récits qui préexistaient. Thecel est un espèce de saut dans le vide de mon imaginaire. Évidemment, après, je peux reconstruire d'où viennent les choses, il y a beaucoup de trucs visuels, des trucs qui pourraient venir de chez Schuiten et Peeters, par exemple, ou d'illustration épiques de John Howe. La fantasy, dans ma tête, est un genre très graphique.
L'histoire s'est créé d'elle-même, en suivant la carte et en suivant Moïra. Faire le livre a été une exploration, un voyage scandé par des événements récurrents, calés à l'avance.

Actusf : Avez-vous du faire beaucoup de recherches pour créer votre univers ? Comment avez-vous travaillé ?

Léo Henry : En m'asseyant tous les jours à ma table et en accompagnant Moïra dans son aventure. Ça n'a pas été très marrant, à vrai dire, et j'ai rarement autant sué sur un livre. Sans m'en rendre compte, je pense, je me suis mis dans un endroit créatif que je n'avais jamais investi, et c'était assez dérangeant.

Actusf : Thecel aborde les thématiques du racisme et de la tolérance entre les peuples, ou encore du réchauffement climatique. Ce sont des sujets qui vous tiennent à cœur ? Pourquoi ceux-là en particulier ?

Léo Henry : Il y a plein de réponses à cette question, je vais choisir la plus simple : parce qu'il me semble que le conte est une forme narrative très politique et que, souvent, les clichés de fantasy véhiculent des messages avec lesquels je suis en profond désaccord. J'ai donc essayé, tout en gardant un certain nombre de codes propres au genre, de raconter d'autres choses, ou les mêmes choses autrement.

Actusf : Vous avez condensé une trilogie en un seul livre : pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas détailler davantage le récit sur plusieurs volumes ?

Léo Henry : C'était un peu le contrat que j'avais passé avec moi-même : trois livres de trois genres, mais à chaque fois un one shot. Je comprends l'idée de la fantasy comme saga, comme série, du récit dans lequel le monde devient-le-véritable-héros. Mais je ne suis pas un constructeur d'univers, je n'en suis pas capable, n'en ai même pas l'ambition. En tant que lecteur, même, je préfère ce qui est ouvert, lacunaire, suggéré, voire effacé. J'aime avoir du boulot et de l'espace pour rêver. Ce que parvient à faire Tolkien me fascine, mais je préfère les silences de Le Guin.

Actusf : De même Thecel clôt votre "trilogie des mauvais genres". Les trois romans possèdent-ils un ou plusieurs fil rouge ?

Léo Henry : Mais oui ! Les points communs sont nombreux et pour la plupart abstraits, sauf pour le plan-du-méchant, qui est le même dans les trois récits. Il y a une certaine circularité dans les trois romans, avec une fin qui renvoie au début. Surtout, il y a une préoccupation autour de la question du héros et du récit de genre, des mythologies SF / fantastique / fantasy, une tentative de désamorcer ou de subvertir les clichés.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Léo Henry : Je suis dans H.G.O. un roman autour de la dictature argentine et de Hector Oesterheld, scénariste culte là-bas, peu connu ici, qui a écrit dans les années 50 L'Eternaute, une bédé de science-fiction devenue centrale dans la psyché du pays.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les semaines à venir ?

Léo Henry : Chez moi, ou au bistro où je vais écrire le matin.

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