On pourrait croire lors d'un examen superficiel que la fantasy est un genre qui n'est rien d'autre qu'une gigantesque resucée de Tolkien et consorts. Bien sûr il n'en est rien. Il reste de vastes territoires à explorer comme par exemple la fantasy urbaine, mélange entre le décor de la ville et les grandes figures du genre. Un elfe conduit un train, un ogre vend des journaux, un enfant découvre des gobelins en train de faire la fête sur un toit… Autant d'exemples un peu caricaturaux mais explicites. L'un des grands auteurs de ce domaine n'est autre que Neil Gaiman avec notamment son roman Neverwhere. Voilà qui éclairera la lanterne de ceux qui ont lu cet excellent livre. Reste qu'en France la fantasy urbaine est encore peu représentée sur les étals de nos librairies. Une situation en passe d'évoluer puisque Léa Silhol a eu la bonne idée de concocter aux éditions de l'Oxymore une anthologie sur le sujet. Attention les yeux !
18 nouvelles en 312 pages, pas moins...
Au programme pas moins de 18 textes avec quelques grands noms au sommaire (Tanith Lee, Neil Gaiman ou bien du côté français Fabrice Colin) et pas mal d'auteurs à découvrir. De quoi aborder tous les aspects de la fantasy. Et effectivement la diversité est l'un des maîtres mots. Entre le grand père et son drôle de filtre d'amour dans Noyer la nuit avec l'histoire du jour par Nina Kiriki Hoffman et le roi des elfes cherchant des bouts de conversations dans une taverne dans La réponse intrahissable de Peter Crowther, ou bien encore l'invasion de notre capitale par les forces de la faerie dans La réddition de Paris de Claude Mamier, il y a un gouffre que comble la fantasy urbaine.
Inutile de résumer les 18 nouvelles. Signalons simplement deux excellents textes. D'abord L'oiseau siffleur d'Emma Bull, où quand un jeune homme s'associe avec un musicien hors pair pour faire vibrer les foules au son de leurs chansons. Mais le prodige est un être bien mystérieux dont il faut se garder de vouloir connaître ses secrets. Second texte, Le roi des billes de Gary A.Brauneck, un petit conte sur l'enfance et une belle histoire d'amitié.
Une vraie réussite pour un genre qui a décidément beaucoup de charmes
Dans l'ensemble cette anthologie est excellente. La fantasy urbaine possède un charme entre fantastique et merveilleux, qui se retrouve dans la plupart des textes. Aussi curieux que cela puisse paraître la fantasy se marie décidément très bien avec le tissu urbain. On comprend mieux avec Traverses que cela soit une nouvelle voie à explorer pour les auteurs. Voici un " sous genre " qui apporte véritablement quelque chose et qui est assez décalé pour avoir sa vie propre.
Mais revenons à ce livre pour saluer le travail fait. Si la diversité des nouvelles est l'un des maîtres mots, la qualité des récits en est un autre. Quelles que soient vos attentes, vous devriez y trouver votre bonheur. Et puis de manière plus anecdotique, on aime ce sommaire entre sommités de la fantasy et petits nouveaux. Chapeau bas, une nouvelle fois, Madame Silhol.
La chronique de 16h16 !