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Trois raisons de lire Journal intime d'un dieu omniscient d'Adrien Mangold
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Trois raisons de lire Journal intime d'un dieu omniscient d'Adrien Mangold

Cher lecteur, chère lectrice, les humains sont passés de mode. Bienvenue dans une société d’eau, de feu et de roche, bienvenue dans un monde où les villes naissent, la révolution approche et le Jour paresse. Bienvenue sur Astria !

Prêt à atterrir sur la planète Astria et à la découvrir à travers les yeux de son créateur omniscient ? Prêt à être émerveillé par une civilisation inédite et pleine de surprises ? Dans cet article, je vais tenter de te convaincre, cher lecteur, chère lectrice, de lire Journal intime d’un dieu omniscient d’Adrien Mangold aux éditions HSN, ma meilleure lecture de l’année !

Pour la créativité et l’univers incroyable créé par Adrien Mangold :

Vous l’aurez compris, Astria est un dieu, un être immatériel ayant créé un monde complet qui porte son nom. Fatigué de la routine après des millénaires à gérer ce monde, il décide de parler et de nous le présenter, aidé de son fidèle prête-plume, Yshmahel. Il choisit alors quatre personnages de races différentes et décide de les faire se rencontrer en influant sur leur vie le moins possible (ou presque).

Et la société Astriane ne pourrait pas être plus éloignée de la nôtre, pourtant, Adrien Mangold a réussi à créer un système sans incohérence et totalement fonctionnel. Au fil des « petits traités » d’Astria qui ponctuent le roman et expliquent certains éléments cruciaux pour comprendre l’organisation de la planète, on en apprend plus sur les races qui la peuplent, la reproduction de chacune, la géographie si particulière des terres Astrianes (en cercles concentriques) ou même le fonctionnement astronomique d’Astria (qui n’est éclairée par l’orcha, son soleil, que sur une seule face, dans le Jour, tandis que l’autre reste perpétuellement dans la Nuit… Sauf quand Astria s’ennuie !).

Le monde d’Astria se compose donc de trois races intelligentes principales : les siréniens, peuple de l’eau, les nibériens, peuple du feu, et les béhémots, peuple de pierre. Ces élémentaires bipèdes portent littéralement l’eau, le feu ou les minéraux qui les composent sur eux. La proximité d’un nibérien au corps enflammé par exemple, pourra être difficile à supporter pour un nibérien fait d’eau. Chaque race a ses impératifs et ses capacités. Chaque chapitre est l’occasion de découvrir ces éléments plus surprenants les uns que les autres si on les compare à notre société humaine.

Je n’avais jamais lu de roman réussissant à s’éloigner autant des considérations terrestres et humaines, et à se libérer du cadre de notre société pour pousser le plus loin possible la création d’un monde inédit.

Pour la double narration :

Ce procédé inhabituel semble être ce qui relie Journal intime d’un dieu omniscient aux autres textes d’Adrien Mangold (à moins qu’ils soient liés par autre chose ? À vous de lire pour le découvrir !).

Ici, la double narration passe surtout par le fait qu’Astria se serve du mystérieux Yshmahel pour mettre ses pensées à l’écrit. Le prête-plume s’autorise donc parfois des petits écarts et des commentaires sous forme de note de bas de page. Commentaires qui ne plaisent pas toujours au Dieu lui-même, mais qu’est-ce que vous voulez, il faut bien penser aux lecteurs et lectrices qui ne serraient pas familiers avec les élémentaires !

Cette histoire à deux vitesses s’accélère surtout à la fin, lorsqu’il Yshmahel découvre un secret qui pourrait tout changer et s’exprime en petites lignes dans les notes, tandis qu’Astria continue son récit au-dessus comme si de rien n’était. Je dois avouer qu’il m’est arrivé dans le feu de l’action de sauter une ou deux pages sans m’en rendre compte pour lire le récit d’Yshmahel avant de revenir en arrière pour reprendre les événements ayant lieu sur la planète Astria.

Cette double narration fascinante est aussi accompagnée d’un récit choral car l’on passe d’un personnage à l’autre en suivant les pensées rapides et omniscientes du dieu. En plus de l’avis des deux êtres supérieurs qui nous racontent l’histoire globale, on a également la version plus intimiste des habitants de ce monde, leurs déboires quotidiens et les évolutions de leur société.

Pour l’humour et les surprises à répétition :

Les notes de bas de page d’Yshmahel, sa vision ironique de certaines actions et des incohérences morales du tout puissant Astria, leurs discussions à la fois absurdes si on essaye de les rationaliser et tellement profondes… Tout cela participe au rythme et surtout à l’humour du roman. Je ne dirais pas que les personnages ne se prennent pas au sérieux, au contraire, mais le décalage dans la façon de raconter l’histoire par rapport à nous, lecteurs, à notre propre existence et à nos mœurs humaines, ne manque pas de faire sourire.

Ça fait longtemps que je n’avais pas autant ri et jubilé en lisant un roman (d’autant plus de science-fiction ou de fantasy). Ce ton ironique, parfois même cynique, créer de la connivence avec le lecteur, on se sent faire partie du récit (et ce n’est peut-être pas totalement faux…). De plus, les deux narrateurs n’hésitent pas à briser le quatrième mur pour parler au lecteur, à l’éditeur ou même à l’auteur lui-même qui aime à se moquer de son propre métier à travers les déboires d’écrivain d’Yshmahel.

Et le roman est plein de surprises ! Toutes les quelques pages, un evénements, une information, ou une révélation inattendue vient bousculer notre vision de ce monde et d'Astria. Reste sur tes gardes lecteur, tu n'imagines pas l'étendu de cet univers.

Pour la description d’une société matriarcale : *

Petit point bonus, mais assez rare pour être souligné : la société Astrianne est une société matriarcale. Les royaumes dont nous avons l'habitude sont ici des reinaumes. Les individus féminins de toutes les races sont ceux qui enseignent et élèvent les enfants nés de la terre (et non d’une union de deux êtres). Les mâles militent pour que cette profession et ce rôle soient accessibles à tous les élémentaires, mais les habitudes ont la vie dure et les mentalités changent lentement (ça vous rappelle quelque chose ?). Cette inversion des rôles permet bien évidemment de réfléchir en même temps sur notre société terrienne, comme Astria lors de la création de son monde.

*(Comment ça, ça fait plus que trois raisons ? Et si j’écris en petit, ça passe ? Je suis sûre qu’Astria ne le verra même pas, comme pour les notes de bas de page d’Ishmahel…)

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Alors, convaincu ? Mais qu’est-ce que je raconte, je dois absolument vous prévenir !

NE PARTAGEZ SURTOUT PAS CET ARTICLE !

Je ne rigole PAS, c’est important ! Je prends déjà énormément de risques à écrire ces lignes (pourtant si importantes car ce livre est génial). Que se passerait-il si Astria me voyait ? Je préfère ne même pas y penser… Ce texte (bien qu’incroyable) ne doit absolument pas être partagé et lu par trop de personnes, ceux qui ont déjà lu le roman le savent très bien pourquoi, ne faites pas les innocents !

Sachez que rien que d’ouvrir cette couverture illustrée par François-Xavier Pavion pour lire les premières lignes expose l’humanité toute entière à des conséquences que je ne saurais même pas nommer. (Pour me faire pardonner de cet article, Astria, je vous promets que j’ai fait tous les exercices demandés dans les notes de votre journal !)

Mais quand même, qu’est-ce qui vous a pris l’Homme Sans Nom de publier un texte aussi génial mais aussi dangereux ? Et je ne parle même pas de la responsabilité d’Adrien Mangold ! Tant d’insouciance chez les auteurs de talent, c’est pas croyable !

Journal intime d’un dieu omniscient écrit par Adrien Mangold, disponible depuis le 17 juin aux éditions de l’Homme Sans Nom. (Vous pouvez télécharger gratuitement les premiers chapitres sur le site des éditions HSN !)

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