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Trois bonnes raisons de lire L’Anti-Magicien de Sebastien de Castell
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Trois bonnes raisons de lire L’Anti-Magicien de Sebastien de Castell

Si vous hésitez encore à découvrir la saga L’Anti-Magicien de Sebastien de Castell, on va vous donner trois bonnes raisons de vous y plonger.

Il s’agit d’une série de fantasy en six tomes, dont le dernier tome vient de paraître aux éditions Gallimard jeunesse. À mi-chemin entre littérature pour adolescent et young-adult, la plume riche et sarcastique de l’auteur saura vous convaincre.

On suit Kelen, un jeune mage dont les pouvoirs semblent absents ; un comble pour le fils de la famille Ke, une puissante famille de mage. Le jeune homme doit ruser ou tricher pour survivre, et ce, encore plus lorsqu’il se retrouve en exil pour être porteur d’une ancienne magie, l’ombre au noir, que tout le monde fuit comme la peste. Traqué par ses pairs, trahit par les siens, Kelen tente de survivre sur la route, passant de ville en ville. Il est alors accompagné par Furia, une vagabonde argosi avec une philosophie bien à elle et Rakis, un chacureuil — un mélange de chat et d’écureuil volant — acerbe prêt à vous bouffer les yeux : deux acolytes un peu barrés. Armé de son humour acéré, Kelen réussira-t-il à survivre à son voyage malgré sa malchance ?


Originaire du Canada, Sebastien de Castell est diplômé en archéologie. Comprenant que les fouilles ce n’étaient pas pour lui, il se consacre ensuite à la musique, à sa carrière de médiateur, de chorégraphe de combat, de professeur, de chef de projet et enfin d’écrivain. Il est l’auteur des Manteaux de gloire, une pentalogie saluée par la critique et dont le premier tome est disponible aux éditions Bragelonne. L’Anti-Magicien, sa série de fantasy jeunesse a notamment été récompensée par le prix Elbakin.net 2018. À l’instar de son héros Kelen, Sebastien de Castell est persuadé que chaque être humain est la combinaison de tous les choix qu’il fait. Il vit actuellement à Vancouver, au Canada.

Photo ©Gallimard Jeunesse - DR

Un anti-héros par excellence

Ici, pas de prophétie, pas de dragon, pas de demoiselle en détresse et pas vraiment d’élu non plus. Juste un gamin avec un humour mordant sur la route, qui tente de survivre. Kelen est issu d’une famille de mage, mais n’a jamais vraiment montré des signes de magie. À l’inverse, il est détenteur de l’ombre au noir, une tache noire sous son œil qui fait de lui un paria. Il n’a rien de spécial en somme, ce n’est pas un élu avec des pouvoirs extraordinaires. Non, c’est un jeune de 16 ans, pas vraiment musclé, pas vraiment sûr de lui qui se retrouve sur la route après avoir été chassé de chez lui. Commence alors pour lui un voyage initiatique durant lequel il va tenter de survivre, de se construire, de se trouver et sortir du carquois de son éducation de mage.

Kelen est imparfait, comme tout être humain, il va nous montrer que s’il peut être courageux et déterminé, il peut être tout aussi lâche et peureux. Il n’est pas simple de mûrir, d’évoluer et de prendre des risques. C’est normal d’avoir envie de retourner vers quelque chose de familier quand on se sent perdu et seul ; de vouloir trouver sa place, quitte à courir après des mythes. Kelen doit tracer sa propre route sans destin imposé et cela n’a rien de facile.

L’auteur réussit merveilleusement bien à construire son anti-héros à travers les péripéties du récit. Kelen devient plus âgé, prend peu à peu en assurance (mais pas trop) et s’ouvre au monde qui l’entoure au fil des pages. On assiste à l’évolution, parfois difficile, de ce gosse et d’une certaine manière Kelen nous ressemble. Il fait écho à nos propres doutes, à nos propres hésitations et à nos propres choix à faire. C’est sans aucun doute l’une des raisons pour lesquelles on s’attache à cet ado.

La personne de Furia est tout aussi complexe, c’est une femme forte avec du culot et un sens de la répartie parfois douteux, mais qui ne laisse jamais personne dans le besoin. Je n’en dirais pas plus, à vous de la découvrir !

Du sarcasme et de l’humour acéré

« Hé, gamin, fit le chacureuil, ton barrage a encore cédé.
- Je pleure pas.
Il ricana.
- Bien sûr. Alors, ça doit juste être la magie Jan'Tep qui convoque la pluie dans tes orbites.
- Tu fais un familier pourri, tu sais ça ? »

Ce qui contribue à la force de cette saga, c’est son humour et son sarcasme. Sebastian de Castell manie la plume avec dextérité. C’est vif et mordant. C’est drôle. Kelen utilise parfois le sarcasme comme une arme et ça fonctionne. La vision qu’il pose sur le monde est biaisée du fait de ses désillusions et pourtant à travers son sarcasme, une part de vérité subsiste. Les dialogues piquants échangés avec Rakis, cette bestiole poilue incontrôlable, donnent du cachet au récit. L’humour n’est pas toujours présent ou parfois dans des situations improbables. C’est ce qui permet également à l’histoire de ne pas sombrer dans le drame constant.

« Je transpirais. Ce qui, avais-je appris à la dure, est le moyen qu’a trouvé mon corps pour me dire que mon plan est nul. »

Un univers riche et complexe

Au-delà des personnages, c’est aussi l’univers que met en place l’auteur. Chaque tome est l’occasion de découvrir une ou plusieurs régions. On voyage dans ce monde vaste et riche en découvrant les spécificités de ces contrées. Rien n’est laissé au hasard et Sebastien de Castell ne fait pas que survoler et nous proposer des pays « vides », bien au contraire, chaque région a sa véritable identité, sa façon de voir les choses et de considérer la magie. C’est très cosmopolite. L’auteur nous transmet un message de bienveillance et d’ouverture d’esprit à travers Kelen et sa découverte de peuples différents.

Se mêle à ce road-trip westernisant (du sable, de la poussière, des duels de magie et des cartes qui volent), une trame mystérieuse qui ne se dévoile que petit à petit et qui nous plonge encore plus profondément dans l’univers. Le dosage entre combats, magie, humour, moments plus calmes, philosophie de vie, intrigues et réflexions est savamment mené. On ne s’ennuie pas, mais l’action n’est pas omniprésente non plus ce qui permet vraiment à l’auteur de déployer toute la richesse et le potentiel de son univers, à l’aide d’une écriture fluide, intense et mordante.

Bonus : les couvertures et la mise en page sont également super belles ! Les couvertures imitent les cartes des Argosis qui témoignent des événements et les séparations des chapitres font la part belle aux discordances, ces cartes qui peuvent changer le monde.

« La voie des Argosi est la voie de l’eau. L’eau ne cherche jamais à bloquer la route d’autrui, en revanche, elle ne tolère aucun obstacle en travers de la sienne. Elle se meut librement, se glisse le long de ceux qui voudraient la capturer, et ne prend jamais rien aux autres. Oublier cela, c’est s’écarter du droit chemin car, malgré les rumeurs qui courent parfois, un Argosi ne vole jamais, jamais rien. »

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