- le  
Unlocking the Air - Le mot de Bernard Henninger
Commenter

Unlocking the Air - Le mot de Bernard Henninger

A l'occasion de la parution de Unlocking the Air aux éditions Actusf, Bernard Henninger, directeur d'ouvrage, revient sur la création de ce recueil de nouvelles signées Ursula K. Le Guin (traduction d'Hermine Hemon et Erwan Devos).

Actusf : Pourquoi traduire Ursula K. Le Guin ? Qu’est-ce qui la caractérise ?

Bernard Henninger : Ursula K. Le Guin s’est toujours exprimée avec une palette large et variée, avec des écrits difficilement traduisibles, poésie, traduction. Contrairement à nombre d’auteurs, qui dissimulent un propos indigent derrière une langue surchargée, Ursula K. Le Guin s’exprime avec un grand souci de clarté.
Cette recherche de limpidité permet de développer une pensée complexe, que ce soit pour développer une vision du monde ou dresser un portrait. Si la pensée est d’une grande exigence, elle est rendue possible par cette langue claire… Son intelligence, sa compréhension d'autrui ou des sociétés, une certaine bienveillance en font une autrice singulière et dont la capacité de pénétration reste unique.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de Unlocking the Air ? Certains thèmes/sujets sont-ils récurrents ?

Bernard Henninger : La nouvelle qui donne son titre, bien sûr, Unlocking the air, est écrite comme une suite de son cycle Orsinia (Malafrena et les Chroniques Orsiniennes). Plus précisément, elle renoue avec le héros d’une nouvelle intitulée « Une semaine à la campagne », Stefan Fabbre, quelque trente ans plus tard. Brisé par la police politique, dans les années 60, Stefan découvre les grandes manifestations de 1989 et se joint à cette jeunesse qui a l’opportunité d’enfin soulever le « rideau de fer »… qui a verrouillé l'Europe de l'Est pendant cinquante ans.
Dans d’autres recueils, Ursula K. Le Guin, qui était fille d’un anthropologue, avoue se passionner pour les formes modernes de la famille, qui font exploser la cellule familiale bourgeoise traditionnelle. « Quatre heures et demie » se présente comme une spéculation où elle s’amuse à juxtaposer en huit saynètes avec des familles comprenant : un parent divorcé, une jeune mère célibataire, un enfant handicapé, des homosexuels… et expose huit conflits familiaux qui en découlent… Se gardant d’en tirer une quelconque morale, ou conclusion, Ursula K. Le Guin dresse un portrait de nos sociétés modernes touchant et décoiffant.
J’aimerais aussi citer « Les Anciens », une nouvelle tout à fait inclassable et surprenante.

Actusf : Fictions spéculatives, fantasy ou science-fiction, les nouvelles proposent de nouveaux horizons. Ursula K. Le Guin est une autrice à l’écriture multiple. Quel est selon vous son texte le plus emblématique dans ce recueil ? Pourquoi ?

Bernard Henninger : Mon texte préféré est sans conteste « Le Braconnier » qui donne son sens à la très belle couverture de Zariel : le héros est envoyé par sa famille dans la forêt, pour chaparder ce qu’il peut. Une vie de misère, où règne le droit du plus fort, celui du seigneur, et un jour, le jeune homme découvre une haie d’épineux, immense, inexpugnable, un domaine de la forêt qui lui est interdit et il n’a plus dès lors qu’une obsession, trouver un passage… Mais au lieu de se détruire, dans une quête absurde, voilà que la quête est aussi un chemin de sagesse. Dans une langue toujours aussi précise, les portes de l’imagination s’ouvrent grand sous son regard émerveillé…

Actusf : Ursula K. Le Guin est également une autrice de romans reconnue. Quel roman recommanderiez-vous pour la découvrir ?

Bernard Henninger : Je nourris une grande passion pour « Les Dépossédés », j’ai même longtemps caressé l’envie d’en écrire le scénario pour un long-métrage. J’aime beaucoup un petit roman méconnu : « Planète d’exil » mettant en scène une problématique écologique et si je peux en citer un troisième, « Le dit d’Aka » voyage interplanétaire dans un pays qui ressemble à la Chine communiste à la recherche de la sagesse ancienne, le Taoïsme.

à lire aussi

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?