Mother London

Michael Moorcock est né en 1939. Auteur renommé, il est connu dans le monde entier pour ses livres d'Heroïc Fantasy. Il a à son actif plus de 70 romans et malgré une irrégularité dans la qualité et le niveau de ses livres, il est devenu un pilier incontournable du monde de la fantasy. Avec Mother London, son dernier roman traduit en France et qui pourtant date de 1988 Michael Moorcock nous démontre qu'il possède d'autres cordes à son arc.

Trois télépathes

Joseph Kiss est télépathe, il vit dans différents quartiers de Londres de petits jobs et de figurations dans des publicités. Mais avant d'en arriver là, il fut un artiste du music-hall puis un héros de la bataille d'Angleterre. En effet, grâce à son don, il pouvait désamorcer des bombes qui n'avaient pas éclaté et retrouver des survivants sous les décombres. C'est dans un hôpital psychiatrique qu'il va faire la connaissance de Mary Gasalee, une femme d'une trentaine d'années qui n'en paraît que quinze car elle a vécu quinze ans dans le coma dû au Blitz, le bombardement de Londres par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. C'est à la sortie de ce coma que Mary s'aperçoit qu'elle aussi est télépathe. Elle va donc tenter au fil des années qui passent de retrouver la mémoire. Le troisième personnage clef de cette histoire est David Mummery, un jeune écrivain fasciné par le peuple étrange qui habite les égouts londoniens. Ces trois personnes vont se croiser ainsi que d'autres sur cinquante ans d'histoire. Ce sont des moments de leur vie dont nous sommes témoins.

Une grande réussite !

Que dire de ce roman ? Tout d'abord il n'est pas à classer dans la fantasy. Michael Moorcock nous démontre tout simplement qu'il est capable d'écrire un livre de littérature générale qui est excellent. Le côté télépathe des personnages n'est pas du tout mis en avant. Ils subissent ce pouvoir plus qu'ils ne le contrôlent. C'est pour cela qu'ils se retrouvent de temps en temps dans un hôpital psychiatrique pour se faire prescrire des médicaments pour bloquer leur don sinon ils seraient pris pour des fous. La structure de l'histoire est intéressante. On pourrait croire que ce n'est pas un récit linéaire, on saute d'une personne à une autre et surtout d'une époque à une autre sans raison apparente. Mais ce n'est pas le cas. Tout est structuré selon une logique bien définie. Par exemple, la division du livre en six parties. Les trois dernières sont les reflets inversés des trois premières. C'est un exercice de style que Michael Moorcock réussit haut la main. Ce livre peut déconcerter au premier abord mais la fluidité avec laquelle le papa d'Elric l'a écrit montre qu'il n'est pas qu'un simple auteur de fantasy.