Naissez, nous ferons le reste
Patrice Duvic est plus connu pour ses anthologies : Demain les puces (Denoël n° 421), la série Futurs… (Pocket) tirés d’Asimov Magazine, les Livres d’or de Spinrad, Van Vogt, Disch ou Andrevon (encore chez Pocket) ; ou en tant que directeur de la collection Terreur (toujours chez Pocket) et avant cela comme interviewer dans Fiction ou Galaxies… Bref, le Duvic romancier reste dans l’ombre et c’est un tort car parmi les quatre romans qu’il a écrit, Naissez, nous ferons le reste gagne à être très largement connu.
Faut vous dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne s’aime pas, monsieur, on ne s’aime pas, On paye…
Dans un avenir cauchemardesque, les enfants se commandent et vont s’acheter chez le généticien-conseil. Dans cet aboutissement ultime du capitalisme et de l’économie de marché, tout participe à la toute-puissante loi de l’offre et de la demande et l’homme est devenu un rouage de l’économie non seulement par son travail mais aussi dans sa chair. Ainsi, comme n’importe quel produit, l’humain, né en laboratoire, est doté d’organes déficients afin qu’il soit dès sa venue au monde obligé de consommer un maximum de médicaments jusqu’à devoir fatalement acheter tel ou tel nouvel organe…
Hier, on gardait sa machine à laver 20 ans…
Réflexion âpre sur notre société de consommation soulignée par des coups de griffes hilarants, Naissez, nous ferons le reste passe au crible le publicité, le bourrage de crâne, la vente forcée, bref, en un mot comme en cent : notre système. Aujourd’hui nos produits sont fabriqués pour être le plus vite possible remplacés et faire revenir au plus vite dans le processus d’achat.
…aujourd’hui son espérance de vie ne dépasse pas 10 ans… et demain…?
Si Huxley avait eu de l’humour quand il a entamé Le Meilleur des mondes, il aurait écrit Naissez, nous ferons le reste. Duvic arrive à nous donner un pamphlet à la fois drôle et tragique dans lequel – avec une grande concision – il aborde des sujets importants : la consommation, les dérives des manipulations génétiques ou le pouvoir des trusts notamment pharmaceutiques. Absolument incontournable !