Une Rose pour l'écclésiaste
Roger Zelazny, à l'instar de Frank Herbert a vu la totalité de son œuvre éclipsée par un cycle.
Ambre pour le premier,
Dune pour le second. Et si comme le dit Stan Barets dans le Science-Fictionnaire : "
Il ne faudrait pas croire que toute l'œuvre d'Herbert se déroule sur une planète ensablée ! ", il ne faut pas non plus considérer que l'œuvre de Zelazny se résume à deux cycles de science-fantasy où les membres d'une famille s'entre-déchirent pour le pouvoir en sautant d'univers parallèles en univers parallèles. Herbert a donné l'excellent cycle du
Programme Conscience (en cours de réédition chez Laffont) qui par bien des aspect est supérieur à
Dune : moins de longueurs par exemple. Zelazny, quant à lui a livré l'excellente saga de Francis Sandow (
L'Île des morts et
Le Sérum de la déesse bleue),
Toi l'immortel ou encore
Le Maître des ombres. Pour se convaincre qu'il était aussi bon nouvelliste que romancier, voici un recueil de quatre longues nouvelles écrites entre 1963 et 1965, c'est-à-dire au tout début de sa carrière.
Les Furies (1965)
"
Il arrive quelquefois que la nature, comme prise de remords, jette en aumône un os à ronger à ceux qu'elle mutile, à ses laissés-pour-compte. Souvent sous forme d'un talent, en général inutile, ou de cette malédiction : l'intelligence."
C'est par ces mots que débute l'histoire de Sandor Sandor, Benedick Benedict et Lynx Links. Ils font partie de ces laissés-pour-compte. Le premier atteint d'une dégénérescence musculaire ne peut sortir de chez lui. Pourtant, il connaît la moindre ruelle de n'importe quelle ville des cent quarante-neuf mondes habités de la galaxie. Le second est capable de lire votre passé grâce à un simple contact avec vous ou un de vos objets familiers. Quant au dernier, c'est un tueur qui peut traquer n'importe quel être, humain ou extraterrestre, jusqu'aux confins de la galaxie s'il met en danger l'humanité. Tous trois sont réunis pour mettre fin aux actes terroristes de Victor Corgo, un commandant qui a trahi l'humanité pour défendre une race extraterrestre qu'on lui demandait d'exterminer. Les Furies sont, dans la mythologie grecque, des démons envoyés par les dieux pour poursuivre et châtier les criminels. C'est cette chasse que l'on suivra dans cette magnifique nouvelle.
Le Cœur funéraire (1964)
Connue aussi sous le titre
Le Cercueil de glace,
Le Cœur funéraire est une histoire d'amour où deux amants voyagent dans le futur grâce aux bienfaits de la cryo-conservation. Ne se réveillant que pour de longues fêtes entre membres de ce club très fermé, ces quasi-immortels survolent l'histoire. Moore, amoureux de la belle Léota, mettra tout en œuvre pour la rejoindre dans les cercueils de glace qui maintiennent en vie jusqu'au jour où la jalousie fera irruption dans leur existence…
Les Portes de son visage, les lampes de sa bouche (1965)
Egalement traduite sous le titre
Son Ombre dans les eaux profondes, cette nouvelle est le récit d'une chasse au monstre du Loch Ness version Vénusienne dont personne n'est encore revenu. Une rivalité va s'installer entre un homme appât et la femme qui organise cette énième traque. Le voyage sera des plus mouvementés sur les mers vénusiennes et vous suivrez cette aventure sans vous éloigner un instant de la proue du navire.
Une Rose pour l'écclésiaste (1963)
La nouvelle préférée de Theodore Sturgeon. L'histoire se déroule sur Mars où seules les martiennes survivent, leurs martiens ayant été presque tous décimés par une incompréhensible stérilité. Un terrien, Gallinger, va tenter de comprendre cette espèce, ses coutumes et sa religion. Pour cela, il doit étudier les écrits sacrés jalousement protégés par les survivantes qui semblent accepter avec résignation leur destin - chose inconcevable pour l'humain. Il rencontrera une danseuse sacrée qui dansera pour lui. Il apprendra à connaître les martiens sans vraiment comprendre pourquoi ils lui ont permis d'entrer dans leur sein.
Un recueil IN-CON-TOUR-NA-BLE ! Dans la préface de ce recueil, Theodore Sturgeon ne tarissait pas d'éloges sur ce petit nouveau très prometteur. L'avenir lui a donné raison. Vous aimez la S-F à l'écriture ciselée, aux images fortes, aux histoires profondes et sensibles, celles qui laissent d'impérissables souvenirs et vers lesquelles on a plaisir à revenir ?
Une Rose pour l'écclésiaste est pour vous.
Vous considérez que le S-F est une sous-littérature, mal écrite, peuplée d'extraterrestres verts et gluants, destinée à un public immature voire dégénéré du bulbe ?
Vous ne lirez jamais ces lignes… mais si par un hasard aussi incroyable que suspect, vous les lisiez,
Une Rose pour l'écclésiaste est pour vous (enfin, juste si voulez arrêter de proférer des conneries). A conseiller à tous les amateurs d'excellente littérature.