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Mon âme est une porcherie

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/04/98  -  Livre
ISBN : 2251820027
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Xavier   - le 20/09/2018

Mon âme est une porcherie

Anne Duguël s’est imposée au fil des ans dans la littérature destinée à la jeunesse sous le pseudonyme de Gudule. Depuis 1991, avec Le corridor, elle signe de ce nom ses romans fantastiques pour adulte.

La plupart ont en commun une écriture coup de poing, l’innocence crue et cruelle de petites filles, le don de faire passer du rire aux larmes d’une ligne à l’autre, le tout à chaque fois condensé en moins de 200 pages.

Solitude + malheur + folie + passion = destruction

Julie, 19 ans, est sanglée sur un lit d’hôpital psychiatrique. Autour de son corps inerte, les infirmiers s’activent pour la sauver. Elle voit défiler sa triste vie. Julie est laide, pas juste un côté « vilain petit canard », véritablement repoussante avec des chances de se transformer un beau jour en cygne égales à zéro. Bref, même sa mère n’est jamais parvenue à passer outre sa répulsion. Question relations familiales, c’est même pas le minimum syndical : p’tit déj, repas de soir, bonsoir/bonne nuit, à demain. Tout s’aggrave lorsqu’à six ans son père se tire de chez lui après une scène de ménage dantesque. La vie, dit-on, est une tartine de merde dans laquelle on croque chaque matin. A six ans, la petite Julie a déjà bouffé plus d’une baguette…

La peluchophilie, vous connaissiez ?

Le seul ami qu’elle trouve prend la forme d’un petit cochon en peluche que sa voisine possède. Il est, lui a-t-elle confié un jour, magique. C’est grâce à lui qu’elle tourne dans des pubs pour la télé. Pour Julie, c’est un véritable coup de foudre dès le premier regard. Une passion naît entre eux instantanément. Le cochon magique lui fera enfin connaître l’amour, le vrai, le pur, celui qui vous envoie dans les étoiles. Leurs vies sont désormais liées pour le meilleur mais surtout pour le pire…

A comparer aux récits de Sturgeon

Les asociaux, les anormaux, les rejetés et autres rebuts de la société, Anne Duguël n’est pas la seule à en parler. Theodore Sturgeon le fait brillamment dans Cristal qui songe et dans Les plus qu’humains. Cependant, là ou les récits de Sturgeon débouchent généralement sur l’espoir, le dépassement de la différence et l’amour le plus pur, Anne Duguël montre une voie diamétralement opposée : la déchéance inéluctable et tout au bout : le néant.

Dérangeant certes, mais quel bonheur !

Mon âme est une porcherie est le roman le plus violent, le plus trash et le plus désespéré de l’auteur. Anne Duguël nous overdose de sentiments contradictoires : répulsions, rires, compassions, rejets. Ça pue la pourriture, le vomi, le foutre et la merde. En même temps, c’est extrêmement drôle grâce aux formules à l’emporte pièce de l’enfant et aux situations à la fois burlesques et tragiques. Julie a une conscience aiguë de sa laideur, cela l’amènera tout d’abord au malheur, puis à la folie et enfin à la mort. L’élément fantastique aurait pu tout aussi bien ne pas exister. Anne Duguël nous emmène au bout de la route de l’innocence martyrisée. Si ce livre ne vous remue pas les tripes, lequel le fera ?

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