Cosmic Erotica

Cosmic Erotica

Un recueil de nouvelles sur l'amour, avec que des auteurs féminins... Voilà qui a priori ne semblait pas trop mal. En plus, on retrouvait dix-sept noms comme Anne Duguël, Poppy Z Brite, Tanith Lee, Sylvie Denis... Ajoutons que le tout était dirigé par Jean-Marc Ligny, que J'ai Lu présentait ça comme un recueil prodigieux, et qu'il était question de mêler l'amour à la violence, le sexe et la drogue, et cela devenait vraiment prometteur. Pour une fois, j'étais prêt à me débarrasser de mes envies d'action pour des sentiments plus profonds. Bref, la curiosité était forte...

Et bien, franchement, disons le carrément, elle a été déçue. Le tout ne m'a pas semblé bien enthousiasmant. Sur le fond, je trouve que beaucoup de nouvelles sont courtes et sans profondeur. Il y en a certaines, dont franchement, je n'ai pas compris l'intérêt, voir même l'histoire. A tel point que je complexe. Mais pourquoi donc une bonne dizaine de nouvelles sur les 17 m'ont laissé insensible ? Mon état de mâle ne m'a t-il pas joué des tours ? Peut-être faut-il être une fille pour vraiment apprécier ce recueil de femmes ? Pourtant, Jean-Marc Ligny est un homme... Peut-être suis-je franchement limité intellectuellement (le premier qui dit oui s'expose à un cassage de gueule).

Mais bon, ce ne sont que des suppositions pour atténuer ma déception. Le livre n'est pas à jeter quand même, il y a de bonnes choses. Alors, plutôt que de m'étaler sur des nouvelles qui m'ont laissé sur ma faim, citons plutôt celles qui étaient pas mal.

A mes filles chéries de Connie Willis me semble valoir un coup d'œil attentif. L'histoire de cette jeune fille orpheline et délurée dans un internat où les garçons se désintéressent du sexe depuis la rentrée est de loin ma préférée. Le ton gouailleur de l'héroïne, le style de M'dame Willis, m'ont laissé un assez bon souvenir, même si la fin est trop courte à mon goût (comme dans beaucoup de nouvelles).

Carnaval à Lapêtre de Sylvie Denis, évoque aussi un moment de lecture sympathique. Lorsque Dyris déboule dans la vie de Mira, pour fuir sa famille qui l'a excisée, selon d'anciennes coutumes, cela devient une aventure épique. Le style y est, l'histoire passionnante, le thème profond et grave (elle nous rappelle que l'excision est toujours d'actualité), mais, là encore, la fin est un peu rapide.

La femme est l'avenir de l'homme, de Joëlle Wintrebert, nous raconte la renaissance d'une femme, qui est l'origine, plus ou moins sans le vouloir, d'une société sans violence, mais surtout totalement privée d'homme. La reproduction est assurée par parthénogenèse. Lorsqu'on la réveille dans un tel monde, le manque de mâle va la contrarier au plus haut point. Mais comment rétablir l'équilibre ? Une nouvelle agréable.

Inversion, jeu de miroir, de Birgit Rabish est aussi une bonne surprise. Dans ce texte, un homme tombe éperdument amoureux de sa sœur, qui mène une existence de paria, cachée aux yeux de tous. Pour se satisfaire, il pose un miroir sans teint entre son bureau et sa chambre... Une variation intéressante sur le thème de la différence et de l'amour impossible, malgré la tendresse fraternelle.

Au final, il y a de bonnes choses, même si l'ensemble est inégal. A vous de voir si cela justifie l'achat...