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Au seuil des ténèbres

Poppy Z. Brite ( Auteur), Stephen King ( Auteur), Henri Loevenbruck (Traducteur), Richard Christian Matheson ( Auteur), Richard Matheson ( Auteur), Laurent Askienazy (Illustrateur de couverture), Richard Chizmar (Anthologiste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/05/05  -  Livre
ISBN : 229032535
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Nathalie   - le 20/09/2018

Au seuil des ténèbres

Créé en 1988 par Richard Chizmar lors de sa dernière année de fac de journalisme, le magasine Cemetery Dance (baptisé en toute modestie d’après le titre d’une nouvelle de Chizmar) propose deux fois par mois à ses lecteurs une centaine de pages dédiées à l’horreur : nouvelles, illustrations, critiques, interviews… Après le n°5, le fanzine passa en couleurs et prit de l’ampleur au point que Stephen King adressa au comité de lecture une nouvelle inédite qui parut dans le n°14.

Richard Chizmar développa une maison d’édition qui produit et diffuse le magazine, des magazines dérivés, des comics, des romans et des recueils de nouvelles issues ou non des colonnes de Cemetery Dance.

La présente anthologie rassemble trente des meilleurs textes parus dans la revue. Aux côtés de signatures méconnues, on trouve dans le sommaire des sommités internationales telles Stephen King, Poppy Z. Brite ou encore Richard Christian Matheson (fils de son père)…

« En Enfer, t’es obligé de rester à l’école après les cours »

Les enfants occupent une place de choix dans la galerie de monstres humains trop humains que déroule l’anthologie. Qu’ils développent un certain ressentiment vis à vis des adultes (Une histoire de Noël), une étrange fascination pour les cadavres (Au Loup !, L’Equarrisseur, ou encore, dans une déviance très proche de celle du personnage principal du Seigneur des Guêpes, La Carabine) ou luttent simplement pour leur survie (De grandes espérances), ils se retournent contre les adultes (Quand le silence fait trop de bruit) ou tuent de sang froid leur entourage. Et les parents ont parfois d’étranges notions du lien filial : les mères peuvent mal vivre les Secrets de leur progéniture !

D’une façon générale, se méfier des apparences

Il n’y a pas que les enfants qui cachent bien leur jeu. Tous les amateurs de films et d’histoire d’horreur le savent, on ne peut se fier à personne. Et croyant trouver une protection (Vacances), une proie facile ou du secours (Le Mangeur), on se jette en fait dans la gueule du loup, et même littéralement pour les deux petites frappes de Presque jamais.

Les coupables peuvent détourner les soupçons en faisant accuser des êtres mal intégrés, étrangers (A l’épreuve du feu) ou attardés (Moebius).

Quand t’es dans le désert, attention les cactus peuvent cacher des cadavres. Et ne relâche pas ta vigilance en présence d’un shérif ou d’un docteur parce qu’eux aussi peuvent faire très peur ou très mal !

« A temps plein, c’était un excellent psychopathe. Vraiment son domaine de prédilection. »

Les serials killers sont aussi à l’honneur dans le casting.

Le détraqué de La Dernière Bobine laisse sous les corps de ses victimes des clichés d’anciennes stars d’Hollywood. Quand les tueurs de Rencard au drive-in se font leur cinéma, ils pelottent des pépées étrangement consentantes et ils sont partants pour plusieurs séances…

Métastase et Mister God illustrent le premier avec une grande tension psychologique, le second avec plus de mordant humoristique, les dangers de l’abus de substances chimiques et de leurs influences quant à des mutations de l’organisme humain…

Passé, présent et futur de l’effroi

On n’échappe pas à quelques figures incontournables de l’horreur : la momie (Emballé), les vampires (avec le très décevant parce que fort conventionnel Le Goût des autels et du sang de Poppy Z. Brite). Les revenants sont utilisés avec plus de d’humour, de finesse ou d’originalité dans Cinq, Quatre, Trois, Deux et Silhouette. En civil s’inscrit dans une veine subtile d’horreur urbaine et esquisse un cauchemar citadin. Med-y-sex relève plutôt de l’anticipation avec ses androïdes parfaites. Et La Grosse bête noire emprunte au bestiaire fantasmagorique irlandais tandis qu’un Dîner de cochon joue avec la notion de possession et de revanche post-mortem.

Une radioscopie en creux des Etats-Unis

Quelques auteurs font preuve d’un salvateur humour macabre : celui d’En morceaux prend par exemple une expression figurée à la lettre. Stephen King pervertit un objet de farce attrape qui vient fausser les rapports entre un honnête père de famille et un adolescent mal intentionné.

La plupart des textes  puisent un peu trop dans la folie ordinaire des Etats-Unis. La proximité avec la réalité plus que la distorsion fantastique fait froid dans le dos et l’on a davantage l’impression de parcourir une encyclopédie de faits divers, d’explorer l’histoire de la criminalité que de savourer des récits inspirés qui nous transporteraient, eux, au cœur des ténèbres !

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