Ne vous fier pas au titre, Thomas Day est un auteur beaucoup trop ambiguë pour n’être qu’un simple adepte du Diable. S’il sait se faire démon, il sait aussi se faire ange. Oh bien sûr, les débuts sont sombre, très sombre. Pour preuve sa première nouvelle dans une Angleterre agonisante et ravagée par la maladie et la folie. Son héros est chargé de faire respecter l’ordre et l’autorité par la force et la violence. Et pour ça, rien ne vaut la terreur, les exécutions sommaires, les viols et les massacres. Evidemment être un tel monstre laisse des traces morales. L’homme passe par exemple son temps à écrire des lettres à sa mère… décédée depuis plusieurs années. La folie n’est pas loin.
Mais sous le verni de l’horreur, on découvre sa sensibilité. Le masque se craquelle et se fissure. Dessous, il y a l’homme, malade d’être mal aimé et qui en utilisant la violence cherche finalement à faire le bien. Il tue, pille et viole pour faire régner l’ordre, pour tenter d’unir une dernière fois les hommes contre les forces du chaos qui s’avancent inexorablement… C’est le chant du cygne de l’humanité.
La nouvelle qui suit, l’Erreur, n’est pas franchement beaucoup plus optimiste avec une descente aux enfers hallucinantes dans les bas fond de Londres. Mais là encore, sous l’horreur, on découvre vite la sensibilité de Thomas Day. Ces deux nouvelles peuvent s’écouter avec les Ecorchés vif de Noir désir. C’est le même cri de rage, le même désespoir, la même beauté.
La suite du recueil est un peu plus sobre, un peu moins glauque, un peu plus fade dirons certains. Pour autant, dénier toute qualité aux trois dernières nouvelles serait une erreur, surtout en, ce qui concerne La notion de génocide nécessaire. Day signe là probablement son meilleur texte avec cette histoire d’un haut fonctionnaire parti convertir les tribus nomades de Mongolie de céder aux charmes du progrès au nom de l’ONU. Cette nouvelle, qui a des points commun avec certains récits d’Ayerdhal, est une véritable déclaration d’amour à la nature et aux vastes plaines du monde... Que du bonheur moi j’dis !
Au final Sympathies for the devil est un recueil de nouvelles tout à fait honorable du mystérieux Thomas Day. Comme le dit son compère Olivier Girard, cet auteur ne laisse jamais indifférent, NE PEUT PAS laisser indifférent les lecteurs. On aime ou on aime pas. Pour ceux qui comme moi, se classe dans la première catégorie, on en redemande. Vivement le roman attendu et annoncé depuis quelque temps déjà.