Dans L Ocean de La Nuit

A travers la mer des soleils

Benford est à l’honneur en ce moment avec la réédition d’Un paysage du temps chez Folio SF suivie de ces deux magnifiques volumes (sûrement plus accessibles au grand public et surtout beaucoup plus beaux*). Dans l’océan de la nuit et A travers la mer des soleils forment le tableau d’un futur très proche puisque le récit des aventures de Nigel Walmsley débute en 1999 pour se conclure en 2064.

Dans l’océan de la nuit

En 1999, Nigel, astronaute anglais, se voit confier la délicate mission de détruire un astéroïde qui se dirige vers la Terre et dont la collision serait directement fatale à plusieurs millions de personnes. De plus, l’impact risque de créer indirectement des cataclysmes mettant en danger l’humanité entière.

Au cours de cette opération, Nigel découvre que l’astéroïde en question est en fait un artefact extraterrestre…Dès lors, il n’aura de cesse de traquer le moindre indice qui pourrait lever le voile sur cette autre forme de vie. Qui sont-ils ? Que nous veulent-ils ? Depuis quand nous observent-ils ? Dans quel but ?

Les réponses que nous dévoile Benford dans ce premier volume d’une extrême densité semblent n’être qu’un prétexte à la description poussée du monde dans lequel évoluent les protagonistes. Là où d’autres auraient développé l’épisode de l’astéroïde pour en faire un roman à part entière, ce passage ne sert, sous sa plume, que d’introduction à une œuvre ambitieuse et fouillée. Sa description est d’autant plus fine que l’auteur procède par touches presque insidieuses dans la trame du récit. Ici une bribe de conversation sur les problèmes d’eau potable, là un morceau de journal télévisé entendu par hasard où l’on apprend que la pollution fait des ravages dans tel ou tel pays… Bref, sans s’en rendre compte, le lecteur perçoit un tableau socio-culturel d’un réalisme surprenant. Le premier volume tient donc toutes ses promesses : bonne histoire avec des personnages profonds, réaliste et agréable à lire.

A travers la mer des soleils

Benford utilise le même procédé dans A travers la mer des soleils à la différence près qu’il y introduit une double narration. D’une part, l’action se déroule en 2056 à bord d’un vaisseau d’exploration parti chercher d’autres espèces vivantes dans les systèmes voisins (bien entendu, Nigel devenu vétéran appartient à l’équipage). D’autre part, sur Terre en 2061, les océans se trouvent envahis d’extraterrestres belliqueux chassant et tuant tous les humains qui passent à leur portée. Les conséquences sont désastreuses pour l’économie mondiale et s’annoncent d’une gravité sans précédent lorsque l’on s’aperçoit que ces êtres commencent à débarquer sur la terre ferme.

D’une centaine de pages plus long que le premier, ce roman pèche peut-être justement par cent pages de trop. Autant les épisodes se déroulant sur la Terre envahie sont prenants, autant les tentatives de communication entre la mission et les quelques espèces qu’ils rencontrent sont longs (bien qu’ils mettent en lumière des éléments importants). Peut-être me direz-vous que c’est fait exprès. Sans doute, cependant on arrive à attendre avec une impatience grandissante d’en apprendre plus sur l’invasion.

Mais ne vous trompez pas sur cette réserve, cent pages sur neuf cent, la moyenne reste très honorable et l’ensemble demeure une grande réussite.