Stefan Wul est un écrivain atypique. S’il est sans doute aujourd’hui encore un des auteurs français de science fiction les plus lus dans notre pays, l’essentiel de sa production a pratiquement cinquante ans. C’est dire si son succès dure pour toutes les générations de lecteurs qui se sont succédées depuis. Chirurgien-dentiste de son état, notre homme a connu trois années très prolifiques entre 1956 et 1959 au cours desquelles il a écrit la plupart de ses romans de Oms en série à Rayons pour Sidar en passant par L’Orphelin de Perdide ou La Peur géante. Après, plus rien ou presque. Stefan Wul s’est consacré exclusivement aux dentitions de ses patients, revenant brièvement à l’écriture en 1977 pour Noô.
Exclusion et différence
Parmi cette production réduite en temps, Niourk est un des romans les plus réédités. Surtout, il a acquis une nouvelle dimension en faisant son entrée dans certains cours de français au collège. Il faut dire que son histoire a le mérite d’être facile à lire et de faire réfléchir, sans ennuyer nos chères têtes blondes, à des sujets comme la différence et l’exclusion.
Le monde de Niourk est un univers assez dur et postapocalyptique. Décimés par une grande catastrophe, les hommes sont redevenus des tribus nomades qui migrent en fonction de leurs besoins alimentaires. Notre planète ne se porte pas tellement mieux. Les océans se sont asséchés et de terrifiantes créatures sont nées de ces profondeurs radioactives.
En plus de cet Enfer, le jeune héros de Niourk en vit un autre quotidiennement. Noir de peau dans une tribu blanche, il est rejeté par les siens. La situation est si tendue qu’il est contraint à l’exil. Mais seul dans le désert du fond des mers, il n’a pratiquement aucune chance de survivre.
Réédition nostalgique ?
Aujourd’hui chez Folio SF, cette réédition de Niourk pourrait être taxée de nostalgique si ce roman n’était pas capable de séduire de nouveaux lecteurs. Stefan Wul y est tout simplement surprenant et a su ajouter à bon escient quelques moments épiques grandioses. En général, on se souvient longtemps par exemple du combat de la tribu contre les pieuvres géantes, frondes et lances contre tentacules. Malgré son âge, Niourk reste en 2001 un livre facile et plaisant à lire. Ce serait dommage de s’en priver.