Michael Cordy est un jeune auteur anglais qui a, comme qui dirait, le vent en poupe. Son précédent roman, Résurrection, s'est vendu comme des petits pains au lait, et très franchement, celui-ci devrait continuer d'assurer à son auteur un confortable matelas de billets. Et pourquoi pas même, tout comme son prédécesseur, voir ses droits achetés par un studio d'Hollywood.
Il faut dire que Le Projet Conscience a toutes les qualités requises pour ça. Il semble même évident qu'il n'a été écrit que pour ça. D'un script de blockbuster il a le rythme, l'inconsistance et la fausse originalité. Le bonhomme ratisse large. Lorgne vers le serial killer, vers X-Files et le Tekno-Thriller, avec ses personnages stéréotypés.
Calibré pour le cinéma...
Un profiler surdoué et inflexible, qui se découvre être le fils d'un tueur en série, et une bombe sexuelle, bio-généticienne de génie, partent en croisade contre un duo de Lucrèce Borgia. Ces dernières, respectivement directrice du F.B.I et patronne du plus grand labo de virologie du monde, sont des femmes fortes, sous-entendu des lesbiennes (mais du calme messieurs, on restera dans le politiquement correct) et n'envisagent rien de moins que de tuer tous les hommes de la planète. Cette grotesque surenchère du catastrophisme ne nous est livrée en clair qu'assez tard dans le roman, mais on l'a vu arriver de loin, sans toutefois parvenir à se convaincre que l'auteur puisse envisager de développer son intrigue vers un climax aussi saugrenu. Il faut dire que Michael Cordy ne fait pas dans la dentelle. Le roman tout entier est un appel du pied vers les producteurs d'Hollywood. Un scénario quasiment prêt à l'emploi, écrit dans une prose plate et sans imagination. L'histoire est prédécoupée pour le grand écran. Chaque chapitre ( chaque séquence) s'achève avec une régularité exaspérante, sur une punch line dramatique à souhait : "…il ignorait alors que ce simple geste aurait pour l'humanité des funestes conséquences." Tadada, tadada, tadadaaaaaaaa, coupure pub, et chapitre suivant.
pathétique...
On nage finalement dans un tel ridicule et une médiocrité tellement pathétique, que cela en serait presque drôle si les prétentions commerciales de l'éditeur ne le poussaient à vous demander pas moins de 21,20 euros pour cette farce d'un goût douteux. Ceci dit, pour une fois, ce dernier ne nous survend pas la marchandise, c'est bel et bien un best-seller à l'américaine. Il en a toutes les qualités : outré, sans style, démago, d'un commun flatteur et totalement imbécile. A suivre donc bientôt sur grand écran.