Un auteur à découvrir (ou à suivre) Steven Karl Zoltan Brust est musicien. Et écrivain. C'est surtout cette partie qui nous intéresse, d'ailleurs, mais si vous voulez en savoir plus sur le reste, allez voir sa page perso (http://www.dreamcafe.com/main.cgi), fort sympathique (mais pas très à jour). Il nous avait déjà impressionnés il y a peu, lors de la réédition de son seul roman traduit en français, Agyar, mais c'est loin d'être tout ce qu'il a produit, et le reste est de qualité... On lui doit To Reign In Hell, une novellisation sur le thème de la révolte des anges, Freedom and Necessity, avec Emma Bull, qu'il qualifie de " roman épistolaire victorien, ou de fantasy pour hegeliens ", tout un programme...
La série de romans Vlad Taltos, amorcée en 1983, comprend maintenant neuf tomes, nommés d'après neuf des dix sept maisons nobles dragaerannes. Et aucun n'a été traduit en francais, malgré le succès que connaît le cycle outre atlantique. Cette édition réunit en un seul volume deux de ces romans (Taltos et Phoenix, soient les numéros 4 et 5).
Trois autres livres se déroulant dans le même monde sont très nettement inspirés, de l'aveu même de l'auteur, de la série des trois mousquetaires d'Alexandre Dumas (The Phoenix Guards, Five Hundred Years After, et The Vicount of Adrilankha), et méritent le détour également... Bref, un auteur dont l'œuvre reste à explorer...
Elfes et mafia
Vlad Taltos est un assassin. Et un membre de la mafia. Et un noble de souche rien moins qu'ancienne, puisque c'est son père qui a acheté le titre de baronnet. Mais surtout, il souffre d'un défaut bien plus grand : il est Easterner, c'est à dire humain, dans un monde ou ce sont les Dragaerans (des elfes, quoi) qui tiennent le haut du pavé. Lui et Loiosh, son mini dragon familier, n'ont guère de remords à exploiter, voire assassiner ces grands dadais qui s'y croient vraiment trop. Au risque de froisser quelques susceptibilités... Dans Taltos, l'un de ses dragaerans de main disparaît, avec une somme substancielle collectée pour les " impôts " qu'il fait prélever sur sa zone. Vlad n'aime pas, mais alors pas du tout ce genre de coups. Pour que ses hommes continuent à le prendre au sérieux, il faut absolument qu'il le retrouve, même s'il doit pour cela le pourchasser jusqu'à la montagne de Dzur, où est censée vivre Sethra Lavode, vampire et magicienne. Enfin censée, parce que nul n'est revenu pour le raconter... C'est le début d'une aventure qui l'emmènera bien plus loin qu'il ne l'aurait imaginé...Dans le deuxième roman, Phoenix, Vlad découvre qu'il ne faut jamais rendre service à une déesse. Jamais. Ces bêtes là ont des plans qui dépassent de bien loin ceux des humains. Et qui peuvent planter joyeusement de la même manière, mais avec des dégâts d'une toute autre ampleur... Et après, devinez qui doit réparer la casse ?
De la fantasy bien classique ?
Il y a des elfes, des voleurs, des assassins, des nobles, des magiciens, des vampires, de l'action, des rebondissements... Et Steven Brust s'amuse à retourner les poncifs du genre. Ce n'est pas tant le monde et l'aventure sur lesquels il met l'accent, que sur l'incidence que cela a sur son héros, sur les transformations que cela lui fait subir. Comme dans Agyar, qui nous offrait une vue nouvelle sur le roman de vampire, le personnage est dans un environnement qui est toute sa vie, pas seulement dans un cadre de jeu vidéo avec une manière de réfléchir de notre époque. L'auteur a réussi également à rendre son personnage attachant, sans que, moralement, on ne puisse s'identifier complètement à cet assassin professionnel... Un roman de fantasy psychologique, qui ne se prend pas au sérieux tout en se prenant au sérieux et évite la lourdeur de certains romans ayant ce type de prétentions.Si Taltos est sympathique, sans plus, Phoenix est particulièrement impressionnant par sa maîtrise de l'intrigue et de l'évolution du personnage. Enfin, il est parfaitement possible suivre et d'apprécier ces deux romans sans avoir lu les trois premiers (Jhereg,Yendi et Teckla, réunis dans The book of Jhereg)