Agyar
Steven Brust est programmeur, vice-président de la Minnesota Science Fiction Society, auteur de chansons pour, entre autres, le groupe Boiled in Lead. Il a également produit un album solo A Rose for Iconoclastes (où on reconnaît le détournement du titre de Roger Zelazny, Une Rose pour l'Ecclésiaste).
Il a à son actif 18 romans (le premier a été publié en 1983), dont onze font partie de la série Dragaera, un cycle de fantasy qui se déroule dans un empire non humain. Trois des livres de la série sont très inspirés des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. Seul Agyar a été publié en français jusqu'ici (pour la première fois en 1998 aux éditions L'Atalante), mais c'est le roman que Steven Brust pense avoir le mieux réussi. A vous de juger…
Un homme étrange
John Agyar est arrivé il y a peu dans la ville universitaire de Lakota, dans l'Ohio, à la demande d'une très vieille amie, Laura Kellem. Il a repéré une maison vide et y a pris ses aises, s'accommodant sans trop de peine de l'autre habitant de la demeure, Jim, un très vieux fantôme noir américain. Dans le grenier, il a trouvé une vieille machine à écrire, sur laquelle, un peu par jeu, un peu par désœuvrement, il va tenir une espèce de journal.
Il a aussi, très rapidement, fait une conquête : celle de la belle Jill Quarrier, qu'il ira voir de temps en temps, lorsque le besoin se fera trop pressant. Et il attend tranquillement que Laura le contacte pour lui annoncer ce qu'elle attend de lui.
Mais un jour il rencontre la colocataire de Jill, Susan Pfahl. Tout de suite, il se sent attiré par elle, mais pas de la manière habituelle. Ils commencent une relation, sans que John ne cesse de fréquenter Jill, qui dépérit peu à peu à son contact. Et lorsque Laura lui révèle enfin ce qu'elle attend de lui, John n'est peut être plus aussi prêt à se laisser faire...
Un roman original et envoûtant
Il s'agit là d'un roman fantastique un peu inhabituel, de par son style et de par l'histoire qu'il relate. Le récit est fait par Agyar, mais c'est un récit lacunaire, qui insiste sur les petits détails qui l'ont marqué, certains souvenirs plus ou moins nets qui émergent de façon parfois anarchique. On ne saura pas tout de lui, et pas grand chose de Laura Kellem ou de Jim. On découvre peu à peu leur véritable nature, mais l'auteur ne se laisse jamais aller à essayer de tout expliquer et justifier.
Récit d'un amour qui se révèlera plus fort que tout, même de la mort, mais relaté dans un style tout en nuances et en demi-teintes. John n'est pas toujours franchement sympathique, et il agit selon ses propres priorités, mais on s'attache à ce personnage étrange, si éloigné de la description habituelle de ceux de son espèce. Un bon roman fantastique, avec ce qu'il faut d'originalité. Il est probable qu'un lecteur néophyte y trouvera son compte également.