Lisane, la magicienne sans nom

Delia Marshall Turner est une inconnue en France. Aux Etats-Unis, elle n'a à son actif que deux livres : Nameless Magery (Lisane, la magicienne sans nom), en 1998, qui est le premier tome du Cycle de Ller et Of Swords and Spells (1999), pas encore publié en France, qui en est la suite.

Lisane, future reine, déesse vivante et magicienne en exil

Après l'invasion de Mennenkaltenei, sa planète, et le massacre de sa famille par des envahisseurs extraterrestres, la jeune Lisane est parvenue à s'échapper dans un petit vaisseau de sauvetage. Mais elle ne connaît pas la planète sur laquelle elle a été forcée d'atterrir et doit survivre par ses propres moyens dans une contrée sauvage. Capturée par un beau magicien nommé Simon, elle est emmenée au quartier général des mages et sorciers de la planète, qui sert aussi d'école (style école militaire) pour les jeunes garçons doués, qui sont enfermés là jusqu'à ce qu'ils soient prêts à passer les épreuves pour devenir mages. Ils apprennent à contrôler leurs pouvoirs, et à suivre les protocoles très stricts pour l'usage de la magie.
La découverte que l'arrivante est de sexe féminin sème une certaine consternation, mais faute de mieux Lisane est confiée à Simon pour qu'il fasse son éducation. Si elle survit à l'école, et aux épreuves, elle aura une chance de devenir mage. Sinon…

Parcours initiatique

Lisane, qui a vécu jusque-là choyée et adulée, va devoir s'adapter à la rude ambiance de l'école, où ses camarades n'ont pas du tout envie de lui rendre la vie trop simple, en particulier le très beau mais très pervers Detter, l'autre étudiant de Simon. Elle va aussi devoir assimiler une autre approche de la magie, faite de méfiance et de règles strictes, alors que sur son monde d'origine, la magie était considérée comme une entité connue sous le nom de Ller, et son usage, bien que révérencieux, autorise plus de fantaisie. Mais comme elle n'a aucun espoir de retour, il faudra bien qu'elle s'adapte…

Juste un roman de fantasy/science fiction de plus ?

Des extraterrestres redoutables, une princesse magicienne, des mages un peu misanthropes et misogynes mais très mignons, des épreuves initiatiques… La liste est peut sembler très inquiétante. C'est enlevé, sans temps morts, rafraîchissant, voire impertinent (entre autres, les aventures hétérosexuelles et homosexuelles des protagonistes ne sont pas éliminées du récit). Les personnages ont de l'épaisseur et sont attachants, surtout Lisane, qui raconte ses aventures à la première personne, dans un style plein d'humour et d'autodérision. Et pourtant, parfois, le récit est capable de repasser au sérieux, évitant que l'humour ne devienne lassant à la longue. L'histoire est imprévisible, pleine de rebondissements… L'auteur s'intéresse manifestement plus aux personnages et à leurs états d'âmes qu'au monde qui les entoure, bien que celui ci soit suffisamment bien cerné. Un mystère demeure : comment tout cela a-t-il pu être condensé en 221 pages seulement ? On veut la suite…