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Dragonne

Didier Quesne ( Auteur), Sandrine Gestin (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/07/02  -  Livre
ISBN : 2910899535
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Anne   - le 27/09/2018

Dragonne

Après deux tomes de son cycle Sanglornis Prima et un roman indépendant Etrangère, Didier Quesne s'attaque au mythe des dragons dans Dragonne, sorti aux éditions Nestiveqnen. Confirmant les théories de Daniel Pennac sur le lien affectif de la littérature, il s'est mis à écrire le jour où son auditoire favori - ses enfants - a grandi et n'a plus réclamé les histoires qu'il inventait.

Prédestinée…

Dans une France encore frémissante de la défaite de Waterloo, Lilith de la Queyrie doit son prénom maudit à une longue tradition familiale, perpétuée par des parents qui ne savent plus gérer ses crises de colère et de désespoir. Alors qu'on pense à la marier, elle sent en elle une force étrange qui la pousse à la violence, accompagnée de rêves où elle survole le domaine de ses ancêtres. Bien vite, elle se rend compte qu'en elle se réveille l'âme d'une reine dragonne, dont la naissance est convoitée par plusieurs guildes plus ou moins bienveillantes. Parmi celles-ci, celle de Jean Lagarde l'a envoyé pour surveiller l'évolution de Lilith. Fasciné par la jeune fille, il tente de lui venir en aide contre ceux qui voudraient contrôler son pouvoir.

Un style agréable

La jolie écriture de Didier Quesne pourrait être le sujet d'une étude sur la cohérence littéraire et historique. Ses dialogues en langue classique, ses longs paragraphes descriptifs, au style moins ampoulé, participent à la valeur de ce roman délicat, presque précieux. Il est vrai que les dialogues déconcertent dans un premier temps ; vrai également que leur longueur permet clairement à l'auteur de tomber dans l'explicatif pur. Néanmoins, Dragonne fait partie de ces romans que l'on lit facilement et qui peuvent amener une pierre de plus au mythe des dragons. L'idée d'une jeune fille qui participe à l'éclosion d'un œuf en le nourrissant de sa propre âme et qui représente à elle seule l'esprit romantique du XIXeme siècle ne peut que plaire aux amateurs.

Un bémol

Didier Quesne essouffle pourtant parfois son lecteur. L'idée est bonne, la matière est là mais il manque peut-être dans certains chapitres l'exaltation de l'écriture et de la découverte. La dragonne est bien loin, en particulier au milieu du livre, d'atteindre la grandeur que l'on attend d'elle. Un lecteur averti pourrait y déceler un problème de structure. Certains épisodes inutiles, un manque de graduation dans l'ampleur que prend le personnage de Lilith attesteraient sans mal cette théorie. Un lecteur moins averti se laissera prendre par l'histoire et en particulier l'histoire d'amour entre la dragonne et son gardien. Il aurait peut-être fallu exploiter le côté animal de la belle de façon moins lyrique ou insuffler la prévision d'un amour malheureux. Par ailleurs, on sent que Didier Quesne est gêné par l'idée d'une France XIXeme où la magie serait encore présente. Par conséquent, la cohérence historique forte (dans la langue et les descriptions, malgré quelques maladresses) finit par prendre le pas sur une cohérence imaginaire, que l'on attendait peut-être plus originale.

 

 

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