Le Troqueur d'âmes
Alfred Bester, auteur peu prolifique (quatre romans et une vingtaine de nouvelles) a cependant écrit L'Homme démoli (Denoël, Présence du futur) devenu une oeuvre de référence*. A sa mort, il laisse un roman inachevé que l'on confie à Roger Zelazny afin de le mener à son terme. Le résultat se trouve dans les 220 pages du Troqueur d'âmes.
Un démarrage en trombe
Alf (pas le petit poilu qui mange des chats et qui fait roter ses sept estomacs à la suite) est un journaliste qui se voit confier un reportage on ne peut plus étrange : à Rome il existe un endroit mystérieux nommé Le Lieu noir du Troqueur d'âmes. Sur place, il rencontre Adam Maser qui est le gérant de cette boutique et là tout s'emballe. Celui-ci lui explique que ce lieu permet d'échanger une partie de son Moi et qu'en plus, Le Lieu noir du Troqueur d'âmes existe dans toutes les époques.
Un roman qui laisse perplexe
Pas un instant de répit n'est laissé à notre journaliste, pas le temps de se dire qu'Adam Maser est complètement déjanté, pas même le temps de douter de la véracité des ses assertions. Pour le lecteur, c'est pareil. Le Troqueur d'âmes se lit d'une traite. On y croise pêle mêle Edgar Poe qui vient y déposer son asthme, Beethoven qui vient y prendre son fameux POM POM POM POM !, une femme serpent nommée Méduse, (Nanou pour les intimes et dont Alf tombe amoureux), des clones morts de notre héros... Ajoutez à cela une médium qui ne peut avoir de visions que lorsqu'elle a mis une bonne raclée à son mari et vous nagez dans un joyeux bordel. Pour couronner le tout Adam Maser vient d'avoir une commande très spéciale : créer un être parfait qui pourrait être fatal à notre univers actuel... Bilan, vous arrivez à trente pages de la fin en ne sachant toujours pas si le livre vous plaît ou pas et si ce joyeux bordel à un sens...
Un final éblouissant
Et bien, il en a un, et le duo Bester / Zelazny (même morts et enterrés depuis des années) dans le tourbillon d'une baston mémorable mettent un point final éblouissant ET cohérent à ce roman complètement fou. De l'action, de l'amour, du suspense, de l'humour, c'est bien dans les vieux pots (même cassés) que l'on fait la bonne soupe.