Picatrix, l'échelle pour l'enfer

Picatrix, l'échelle pour l'enfer

Valerio Evangelisti assume depuis plusieurs années déjà le rôle de fer de lance de la SF italienne. A l'instar de l'auteur allemand Andreas Eschbach, il démontre au fil de son œuvre que la SF n'est pas l'apanage des anglo-saxons mais que les européens peuvent et doivent se décomplexer (enfin !) car ils sont capables d'écrire des textes de grande qualité. Avec Picatrix, il signe le sixième volet de la série consacrée au désormais très célèbre inquisiteur : Nicolas Eymerich.

Stairway to hell

L'inquisiteur se voit confronter à des actes perpétrer par des suppôts de Satan. En effet, plusieurs personnes de différentes religions se font assassiner par des êtres pourvus de têtes de chiens. Leurs victimes ont toutes d'horribles blessures : le dos n'est plus qu'une cavité béante d'où les poumons ont été arrachés et dévorés. Et toutes possédaient un livre de science occultes : le Picatrix.

Cathos, Juifs, Musulmans : même combat !

Débute alors une course poursuite où Nicolas Eymerich devra parcourir les terres sarrasines de Grenade et s'allier bien malgré lui avec des musulmans et des juifs. Cette alliance contre nature de l'inquisiteur avec ceux qu'il considère comme des infidèles tout juste bon à passer au bûcher doit déjouer le piège tissé par Satan avant une date fatidique : le 7 septembre.

OVNI soit qui mal y pense…

Plusieurs siècles après ces événements, aux Canaries, un savant visite un hôpital psychiatrique dans lequel un groupe de patients prétendant avoir vu des soucoupes volantes se mettent à aboyer une fois par an : le 7 septembre. Dans ce futur proche ou ce présent parallèle, l'Euroforce et les néo-nazis de la RACHE se sont alliés pour une mission sur le sol africain. Ils doivent canaliser un flot humain : les enfants de l'Afrique répondant à l'appel d'un roi / gourou du Bouganda. Tout dérape lorsque des sorcières font appel à des soucoupes volantes…

Dans la continuité

Valerio Evangelisti ne change pas une recette qui a fait ses preuves : il nous livre un récit éclaté sur trois ou quatre niveaux de narrations qui seront reliés dans sa conclusion. Nicolas Eymerich est cet anti-héros parfait qui cristallise en lui tous nos instincts les plus vils en les recouvrant du vernis de l'abnégation. Et bien que le procédé de narration soit répétitif, on est souvent fasciné par l'inquisiteur. Dans une ambiance rappelant Le Nom de la Rose d'Umberto Eco, ce roman nous pose la question de la foi, de la xénophobie, de la tolérance avec en prime une théorie sur les OVNIS et sur l'esprit.

Si vous étiez déjà client de ces aventures, il y a de grandes chances que cet épisode vous plaise. Si vous ne connaissiez pas encore, Picatrix est une des portes d'entrées dans l'univers de Valerio Evangelisti car chacun des romans se peut se lire indépendamment. Quant à la dernière catégorie de lecteur que les épisodes de l'inquisiteur gonflent, cet opus ne les fera pas changer d'avis.