Le Malka des Lions

Le Chat du Rabbin nous revient en grande forme. Il n'a rien perdu de sa verve et encore moins de son esprit pétillant et ironique. Son créateur Sfar n'en est pas a son premier héros charismatique. En effet, le Professeur Bell, Fernand le Vampire (Grand Vampire), Socrate le chien pensant (Socrate le demi-chien), Herbert le canard de Donjon, pour ne citer qu'eux, ont su gagner l'amour du public. La popularité de Sfar ne cesse d'augmenter et il est devenu un auteur incontournable en finalement très peu de temps. Le Chat du Rabbin est en passe de devenir un classique. En effet, la série a obtenu le Prix BD Virgin Mégastore 2003 et le deuxième tome a été sélectionné à Angoulême dans la catégorie " Meilleur Album ", mais l'Alph Art a été remis à Ware pour l'album Jimmy Corrigan (Delcourt).

Vive la poste...

Le Rabbin reçoit deux lettres, l'une de France et l'autre dans un très mauvais état. Après avoir fait attendre de longs instants le Chat (et le lecteur), on découvre enfin ce qu'elles contiennent comme nouvelles. La première vient du consistoire des Juifs de France, le Rabbin devra passer un examen, une dictée, pour être agréé en tant que Rabbin. La deuxième vient du cousin Malka, il arrive d'ici peu avec son inséparable lion. Le Rabbin commence son entraînement pour la dictée, mais ce n'est pas gagné. Le Chat lui propose de l'aider, mais en invoquant le nom de Dieu, il perd la parole. Sur ce, le Malka arrive et prend ses quartiers dans la maison du Rabbin. En même temps que lui, débarque de Paris un jeune Rabbin dont le charme semble agir sur Zlabya.

Un sentiment de paix…

Que d'histoires dans ce deuxième opus. Toutes s'entrecroisent et se mêlent pour le plus grand plaisir du lecteur. On retrouve notre sympathique Chat à l'humour toujours aussi cinglant. Mais ce coup-ci il est muet. Enfin, c'est beaucoup dire, certes dans le récit il a perdu la parole, mais il nous commente toujours l'action telle une voix off omniprésente. C'est à travers son prisme que l'histoire nous est contée. Cet album est particulièrement touchant. Il aborde de nombreux thèmes comme la mort, l'amour, l'amitié entre gens de différentes religions, notamment entre Juifs et Musulmans, et leurs racines communes. D'aucun dirons certainement que c'est une vision naïve des problèmes, que tout ne se résout pas autour de chants et de musique. Et quand bien même, il est plus qu'agréable pour une fois de voir des discussions et des désaccords se régler sans haine, de sentir un sentiment de paix émaner de l'album, sans que rien ne soit enlevé à la profondeur du propos. En un mot, c'est apaisant. En ce qui concerne l'intrigue, le sujet principal n'est plus le Chat, même s'il reste le conteur de l'histoire. La narration est centrée autour du Rabbin et de sa fille et des personnages secondaires tels que le Malka ou le jeune rabbin venu de France dont Zlabya tombe amoureuse. Cette lubie, le Chat n'est pas prêt de lui pardonner et sa jalousie refait surface, ainsi que sa curiosité. Disons un mot des dessins, Sfar alterne des cases presque esquissées et d'autres beaucoup plus travaillées, cela se ressent surtout dans les " gros plans " sur les visages et les têtes. Son dessin est toujours très " jeté " et donne souvent le sentiment d'avoir été pris sur le vif. Comme souvent Sfar nous surprend, nous fait rire, réfléchir et parvient à toucher, grâce à un chat (!), notre humanité.