Piranèse, la planète prison
Ah ! Un Manara SF, vous ne pouvez pas imaginer l'allégresse (toute masculine) qui s'est emparée de moi. Tout le monde connaît, au moins de réputation, l'œuvre de Manara alors de savoir qu'il se lance dans une série fantastique... L'histoire se déroule sur Piranèse, une planète prison où sont détenus tous les exclus de l'empire. Un empire qui a mis en place la manipulation de l'ADN. Chaque humain est marqué dès sa naissance pour être parfaitement en adéquation avec la société. A l'arrivée sur Piranèse, ceux qui ont de la chance sont stérilisés, les autres ont droit au traitement de choc : la castration. Personne ne s'échappe de Piranèse où les déportés vivent comme ils peuvent, avec deux seules interdictions : les armes à feux et les moteurs. Mais voilà que cet ordre est troublé par la découverte d'une magnifique jeune femme qui a échappé au contrôle génétique instauré par les gardiens.
De la BD érotique pour payer ses études…
Quatrième d'une famille de six enfants, Milo Manara est né le 12 septembre 1945 à Luzon, petite ville italienne. Attiré par le dessin (il illustrait dans son enfance L'Iliade et L'Odyssée), il découvre la bande dessinée au contact du sculpteur espagnol Berrocal dont il est l'assistant. Ses premières planches professionnelles -des récits érotiques- datent de 1968, époque à laquelle elles lui permettent de financer ses études d'architecture à Venise. Dès lors, il dessinera tout à la fois des affiches politiques, des histoires pour enfants et enfin (en 1976) une première bande personnelle, Le Roi des Singes, publiée en Italie par la revue Linus. Il crée en 1978, à l'instigation du mensuel français À Suivre, le personnage de Giuseppe Bergman, dont les aventures paraîtront en album chez Casterman à compter de 1980. Son talent pour le dessin érotique le conduit par ailleurs à publier à partir de 1983, chez Albin Michel, une série d'albums érotiques.
En 1987, Hugo Pratt devient son scénariste pour Un été indien, expérience qu'ils rééditeront sept ans plus tard avec El Gaucho. Entre-temps, l'œuvre de Federico Fellini, autre "maître d'aventure" de Milo Manara, a inspiré une autre collaboration, avec la mise en image du Voyage à Tulum (1990), qui se poursuivra en 1996 avec Le Voyage de G. Mastorna. Manara a par ailleurs, en trente ans de carrière, réalisé de nombreux travaux dans les domaines de l'affiche, de la décoration, de la publicité et de l'audiovisuel.
Quelques poils, sans plus…
Et voilà la mise en place de ce space-opera. Malgré une histoire, qu'il a dû emprunter à ses amis Jodorowsky ou Moebius, ce n'est pas de l'encre neuve qui coule ici ; mais par rapport à ce que fait Manara, c'est un changement suffisant. Cet épisode ne manque pas de rythme, on se laisse facilement entraîner dans cette échappée vers la liberté. L'univers qui est décrit ici est une très bonne vision d'un monde contrôlé totalement par les lois du marché avec une globalisation absolue de la publicité et du commerce.
Mais pour les filles nues et autres débauches sexuelles, il faudra revenir. Car c'est à peine si on trouve du sexe dans cet album. Mis à part quelques poils de pubis, l'héroïne de cette histoire est forcément sensuelle et on ne lui refuserait pas une invitation à déjeuner voir plus si affinités... Mais à part cela, presque rien. Ce space-opera à peine teinté d'érotisme étonne et renouvelle agréablement l'œuvre du maître de la BD italienne.