Léonora Von Stock

Léonora Von Stock

Hubert et Tanquerelle, retenez ces deux noms, ils ne tarderont pas être connus. Tous les deux hommes de l’ombre, ils rentrent enfin dans la lumière grâce à la série du Legs de l’Alchimiste. Le premier officie comme coloriste sur des séries comme Le Clan des Chimères (Delcourt) ou Aménophis IV (Delcourt), il fait partie de ceux qui contribuent au succès d’une bande dessinée mais que l’on ne cite jamais et qui n’apparaissent pas sur les couvertures aux côtés du scénariste et du dessinateur. Le second, Tanquerelle, a repris la série Professeur Bell de Joann Sfar après que ce dernier vit des photocopies de certaines de ces planches. Difficile de se faire un nom en exerçant sur la série d’un autre dont on est si proche graphiquement. Glénat leur fait pourtant confiance pour Le Legs de l’Alchimiste qui paraîtra dans la toute nouvelle collection La Loge noire. Ce deuxième tome confirme qu’elle est certainement la plus prometteuse de la collection.

Téméraire, volontaire, drôle et intelligente : Léonora Von Stock vous séduira tout autant que Joachim Overbeck

Joachim Overbeck, jeune apprenti qui a « hérité » de la Bague de son maître est en prison ; il demande à l’Esprit Malin de l’anneau de lui conter l’histoire du précédent porteur. Elle appartenait à une jeune fille au caractère bien trempé, la belle Léonora Von Stock. Libre et téméraire, elle s’amuse des conventions et aime à se déguiser en garçon pour se promener la nuit dans les rues de la ville. Son attitude agace son père, respectable Ministre des Finances, mais il n’est pas venu au monde celui qui l’empêchera de n’en faire qu’à sa tête, même si elle a derrière elle la police secrète. Tout bascule avec l’arrivée de l’étrange tante Inge, complot, coup d’Etat et occultisme ne sont pas loin.

Une alchimie parfaite entre dessin et dialogues, ambiance fantastique et drôlerie

Ce deuxième album confirme le premier, les auteurs ont du talent à revendre. A travers un long flash back, les auteurs nous content la vie de Léonora Von Stock, qui posséda en son temps la Bague, une femme à nulle autre pareille. Elle est le soleil de cet album, son énergie, sa volonté et les auteurs ont ciselé leur personnage avec amour. A la fois drôle et touchante, belle et moqueuse, intelligente et immature, elle n’est encore qu’une jeune fille primesautière et railleuse bien qu’elle possède déjà en elle les germes de la femme qui sera « le modèle pour toute une génération de penseurs ». Si Hubert l’a dotée d’un fort caractère et l’a faite briller dans les dialogues, elle doit son charisme et sa présence à Tanquerelle qui lui permet d’habiter chaque planche de l’album.

Les auteurs brossent un tableau du XIXème qui hésite entre la modernité, la rationalité et l’occultisme issu des légendes anciennes. Sur fond de complot, c’est la Bague qui est au cœur de l’aventure et l’Esprit Malin qui l’habite est un personnage de haute volée. Le dessin de Tanquerelle s’échappe du carcan « sfarien » de Professeur Bell pour se révéler un tantinet plus dynamique, plus expressif peut-être. Une très bonne série dans la toute jeune collection de La Loge Noire à ne pas manquer.