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Le Preneur d'âmes

Pierre Schelle (Coloriste), Djillali Defali (Dessinateur), Eric Corbeyran (Scénariste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/01/03  -  BD
ISBN : 2840558653
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charlotte   - le 31/10/2017

Le Preneur d'âmes

Est-ce encore nécessaire de présenter Corbeyran ? Depuis 1990, date de son premier scénario, il a son actif un nombre impressionnant de séries. Depuis le succès remporté par Le Chant des Stryges son seul nom sur la couverture fait vendre. C'est certainement l'une des raisons pour lesquelles Delcourt a fait appel à lui pour lancer la première Bande Dessinée de la collection Insomnie. Aussi à l'aise avec de jeunes talents qu'avec des dessinateurs confirmés, il invente une multitude d'univers variés et riches. En outre, sa grande force est de savoir adapter ses histoires au graphisme du dessinateur avec lequel il choisit de travailler. Cela donne une bibliographie originale qui oscille entre les BD dites " grand public " et d'autres moins consensuelles. Du Phalanstère du bout du Monde, avec Bouillez, au Régulateur, avec Moréno en passant par Petit Verglas, avec Sattouf, Corbeyran offre au lecteur différentes facettes de son imaginaire.

Defali doit sa renommée à la série Garou chez Soleil. Grâce aux quatre tomes qui composent le premier cycle, il s'est fait un nom et a développé son style. De son propre aveu, c'est pour sa capacité à dessiner des monstres que l'on fait souvent appel à lui. Il a failli travailler une première fois avec Corbeyran sur Le Clan des Chimères, série parallèle au Chant des Stryges, se déroulant dans un Moyen-Age fantastique, mais le dessin fut finalement confié à Suro.

Pierre Schelle quant à lui exerce ses talents de coloriste dans de nombreuses séries Delcourt qui ont pour point commun d'appartenir à la collection Néopolis. De Nash à Travis en passant par Golden City, il joue sur une gamme de couleurs très vives qui accrochent l'œil du lecteur. Ce style s'adaptera-t-il à l'ambiance fantastique et par là même mystérieuse qui est celle d'Asphodèle ?

Quand le passé resurgit… sous forme d'ectoplasme : trois hommes et une sorcière

Peter Preston voit ses vacances en famille bouleversées par un horrible événement, des traces sanglantes de pas le conduisent jusqu'à son chien égorgé. Hugh Sizemore, producteur de son état, s'apprête à passer une nuit torride avec une ravissante jeune femme, aspirante actrice, lorsque des mains sorties de l'ombre tentent de l'étrangler. En pleine réunion Michael Towers s'aperçoit que du sang s'échappe de ses mains, il quitte alors précipitamment la salle pour se réfugier aux toilettes, mais dans le miroir apparaît un étrange visage. Les trois hommes, amis d'enfance, se retrouvent alors après bien des années et décident de faire appel à Asphodèle dont la spécialité est la sorcellerie. Celle-ci ne pratique plus son art depuis longtemps se contentant d'écrire des livres de vulgarisation sur la magie et d'animer des conférences qui n'attirent plus grand monde. Refusant dans un premier temps de les aider, elle accepte finalement à contre-cœur de mettre ses dons à leur service (on ne dit pas non à un chèque avec cinq zéros, …).

Une BD sauvée par le dessin

Le premier tome d'Asphodèle n'est pas une réussite, loin s'en faut. Le scénario que livre Corbeyran est très en dessous du niveau auquel il nous avait habitué. La mise en place de l'intrigue, qui passe par la présentation des personnages au moment même où ils subissent les premières attaques du fantôme, est longue et laborieuse, et on se serait bien passé de certains clichés. Histoire type des séries diffusées sur M6 le samedi soir, elle ne se dégage jamais des voies toutes tracées et s'embourbe le plus souvent dans la complaisance d'un scénario facile et léger. Le seul élément intéressant est sans nul doute Asphodèle qui " sauve " l'entreprise scénaristique. On sent que ce personnage a un vrai potentiel qui ne demande qu'à être exploité. Très ambiguë, cette héroïne apparaît comme un personnage complexe et mystérieux dont on a hâte de percer le secret. Autre point faible, les frissons tant promis par cette nouvelle collection ne sont pas au rendez-vous. La faute au coloriste ? Peut-être. Schelle très à l'aise dans les univers de science-fiction applique la même technique de coloration à cet album qui aurait pourtant gagné à privilégier les demi-teintes. Le seul réel plaisir de cette bande dessinée : les dessins. Defali est parfaitement à l'aise et son trait s'est affirmé. Le paradoxe entre le réalisme de sa représentation du monde contemporain et l'apparition de cet ectoplasme tout droit sorti des Enfers, crédibilise l'ensemble de l'album dans sa tentative fantastique. De plus, il rend son héroïne attachante et moderne. Certaines planches valent sincèrement le coup d'œil pour leur construction (pages 31-32, 36).

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