charlotte
- le 27/09/2018
L'Honneur d'un Guerrier
Il y a un genre en BD qui sévit depuis des années déjà : le genre Conan le Barbare. Il a eu son heure de gloire et aujourd'hui il réapparaît de manière sporadique, drainant encore et toujours les mêmes clichés éculés. Bande dessinée faite par et pour des hommes, c'est un petit condensé de machisme brutal et primaire dont le public ne peut-être que des ados boutonneux ou des machos agressifs et régressifs. Pourtant on aurait pu espérer mieux de Latil et on se prend à regretter que l'inventivité et le talent de Parillo soient mis au service d'un tel scénario.
" Je vous en prie, aidez-nous à rentrer chez nous… ", dit la blonde à gros seins au valeureux Barbare.
L'empereur Lataran est mort en pleine guerre tandis ses troupes remportaient la victoire. Ses deux fils, Shem et Yolan, se partagent l'Empire alors que leur père voulait les voir régner ensemble. Les armées régulières se sont retirées de la bataille laissant les mercenaires engagés sans renfort. Le chef de ces Barbares, Kern, vient réclamer justice pour ses hommes….
Une parodie ? Non, c'est sérieux en plus !
Au début, on se dit que c'est une parodie. Entre le Barbare charismatique et fier qui met en danger le pouvoir, la belle guerrière elfe solitaire, le sorcier d'une laideur de cadavre (et encore c'est un euphémisme), la prostituée intrigante, les frères ennemis qui se déchirent après la mort de leur père…, tout le personnel type de ce genre de BD est au rendez-vous. On se dit que le scénariste va jouer sur les codes du genre, faire preuve d'imagination, nous ménager de bonnes surprises. Eh bien non, c'est le scénario que l'on a déjà lu mille fois, rien de neuf, rien d'exceptionnel, rien d'excitant. Peut-être y-avait-il une tentative de caricature ? Très subtile alors parce qu'au final c'est tout de même affligeant de bêtise et de machisme idiot et rétrograde. Passons sur le physique des personnages centraux, en résumé les hommes ont de gros muscles et les femmes de gros seins, pour se concentrer uniquement sur les trois femmes présentes dans la BD. Vous avez le choix entre la pute soumise mais que l'on devine un tantinet arriviste, la gourde blonde qui supplie le héros de les aider et la guerrière elfe indépendante et mercenaire. Pfffff, no comment ! Pourtant le coup de crayon de Parillo mérite qu'on s'y attarde. Un dessin très beau, et de bonnes trouvailles graphiques, comme la planche 24, en adéquation avec la situation, des couleurs travaillées et réussies. Mais cela n'empêche pas non plus les clichés, par exemple la planche 25, qui viennent ruiner l'illusion de voir la BD sauvée.