Les Mouches
C'est une surprise de rencontrer Thierry Robberecht au détour de la collection Ligne Rouge de Casterman. Auteur de romans pour la jeunesse, notamment
La Belle Nuit de Zaza la vache publié chez Nathan, il est aussi le parolier du chanteur belge Marka. Il officie également en tant que scénariste, mais on s'était habitué à le voir aux commandes de bandes dessinées plus humoristiques que sataniques. Il raconte les aventures d'une drôle de famille dont les cinq membres sont tous un peu frappés dans
La Smala (Casterman).
Deep Maurice et Gologan est une série dont les héros sont des robots humanoïdes au service de l'Agence Planétaire pour l'Ecologie. Deep Maurice est petit et gros, et sa belle coéquipière, Gologan, est grande et experte en arts martiaux. Et enfin
Beluga qui nous entraîne dans les aventures d'une bande de " gentils voyous ".
Le dessin et les couleurs sont assurés par deux Italiens,
Pagliaro et
Pancini qui travaillent ensemble dans leur studio Kmzero. Le premier a publié plusieurs histoires courtes dans des magazines de BD italiens et est illustrateur pour la publicité et plusieurs sites Internet. Le deuxième a plusieurs cordes à son arc, architecte, designer graphique et dessinateur sur ordinateur, il varie ses activités passant de l'écriture de courts-métrages d'animation en 3D à la réalisation de jeux interactifs sur Internet.
Y'a du satanisme dans l'air… Les Etats-Unis, de nos jours. Un flic grincheux, l'inspecteur Lowry, y enquête sur une série de meurtres atroces qui semblent être liés à des rituels sataniques. Les cadavres découverts ont la particularité d'avoir été torturés puis remplis de mouches. Trois jeunes "
grosses têtes " de l'Université sont envoyées en renfort, l'anthropologue Andrew Bernstein, la psychiatre Sako Sui et la criminologue Yasmine Giggs. Cette dernière découvre peu à peu qu'elle a un rapport avec les meurtres et que l'étau se ressert autour d'elle.
" La force du Diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas "
Chaque tome de cette nouvelle série sera un one-shot, mais en toile de fond, on suivra la quête de l'héroïne, Yasmine Giggs, au fil des albums. Ce premier opus est un bon thriller à la trame classique mais efficace. En le lisant, on ne peut s'empêcher de penser à la série
Asphodèle (Delcourt) et à son héroïne éponyme. En effet, par bien des points les deux séries se ressemblent : même univers contemporain, des personnages principaux confrontés au paranormal et des héroïnes au passé mystérieux. Si dans le premier tome d'
Asphodèle,
Le Preneur d'Âmes, le scénario de Corbeyran n'était pas très convaincant, celui de Robberecht est plus emballant et effrayant. C'est grâce au sujet abordé, le satanisme, qui est porteur de toute une fantasmagorie cauchemardesque et au réalisme de l'ensemble de la bande dessinée que les auteurs parviennent à mettre mal à l'aise le lecteur. L'Ennemi, surnom donné parmi tant d'autres au Diable, semble être partout grâce à ses agents et adorateurs. Ce n'est peut-être pas tant à cause de son omnipotence qu'il terrifie, ce serait plutôt dans les symboles et les images qu'il véhicule. L'exemple le plus caractéristique est la présence massive de mouches. En donnant ce titre,
Les Mouches, à la bande dessinée, les auteurs placent l'ensemble de l'histoire sous l'influence de cet animal néfaste, bourdonnant, agaçant, métaphore de la pourriture et de la composition sur lesquelles elle se développe. Ce n'est pas un hasard si étymologiquement Belzébuth (divinité syrienne à l'origine) signifie " le Prince des Mouches ".