Le Ventre du Minotaure
Né en 1963 dans la région parisienne, la vie de Fred Beltran a d'abord balancé entre dessin et musique. Guitariste pour les Stylbop, un groupe de Rockabilly ayant eu un peu de succès entre 1981 et 1985, il tourne ensuite avec quelques chanteurs histoire de gagner sa vie. Dans le même temps, il présente ses planches à Métal Hurlant en 1988. Résultat : une commande de huit pages. Beltran réalise alors Le Ventre du Minotaure. Mais le temps de l'achever, Métal disparaît. L'histoire passe alors de 8 à 44 pages et est reprise par les Humanoïdes Associés qui aujourd'hui ont décidé de la rééditer, sans doute inspirés par le succès de Megalex de Beltran et Jodorowsky.
Le monde étrange du métro parisien
Le Ventre du Minotaure tourne autour du métro. En quelques planches, Beltran décrit les contours de Paul Charmillat, obscur petit employé qui perd son emploi et devient un des exclus du métro parisien. Entre boisson et déprime, il vit des aventures loufoques, catalogue des misères que peuvent vivre les clochards dans ce genre d'endroit. Derrière le dessin et les rebondissements d'une histoire sans vraiment de liant ni de cohérence, on sent que l'auteur a voulu dépeindre une réalité bien morose sous l'excuse de la satire et de la fable. Ici un attentat, là un groupe de contrôleurs excités… Des éléments en prise avec l'époque de cette BD, et qui ont encore une résonance aujourd'hui.
Réflexion
En résumé, on se sentira plus ou moins en accord avec Le Ventre du minotaure. Le scénario, ou plutôt son absence, pourra rebuter plus d'un lecteur. Néanmoins, on saluera la description onirique du monde du métro, de ses souffrances et de ses mystères. A travers cette histoire, Beltran s'adonne à une forme de critique et de satire sociale. Reste à savoir si cela touchera le lecteur, si la réflexion l'emportera sur le simple plaisir de la lecture. A noter simplement pour finir que Le Ventre du Minotaure s'accompagne de deux histoires courtes en forme de gags pour fermer cet album : La Concierge et Titine.