Ordalie
La série
Le Chant des Stryges, illustrée par Richard Guérineau, ayant eu le succès (amplement mérité d’ailleurs) que l’on sait, Corbeyran a développé autour de l’univers de la série plusieurs autres séries, chacune illustrée par un dessinateur différent :
Le Maître de jeu avec Charlet et
Le Clan des Chimères, une fresque moyenâgeuse avec Michel Suro.
Les Hydres d’Ares avec Moreno et plutôt orientée S-F, va bientôt sortir. On se souvient qu’il avait déjà collaboré avec lui sur
Le Régulateur avec Marc Moréno, qui mérite aussi amplement le détour. Michel Suro a dessiné les quatre tomes de
Sundance avec Corteggiani (Glénat). Il est également l’illustrateur de
Raimond le Cathare, la bande dessinée adaptée du roman de Dominique Baudis.
Ordalie est le troisième volume de la série
Le Clan des Chimères, après
Tribut (2001) et
Bûcher (2002).
Les événements s’enchaînent vers la tragédieLe seigneur Payen de Roquebrune a laissé Smérald, sa maîtresse, être torturée et finalement brûlée sous l’accusation de sorcellerie. Cylinia, leur petite fille, a disparu depuis. Dans l’ombre, elle prépare sa vengeance et compte bien y impliquer Abeau, son demi-frère. Mais les Chimères, qui avaient enlevé Abeau et l’ont fait élever par le peuple merveilleux, ont d’autres plans pour le garçon. Elles s’apprêtent d’ailleurs à l’y entraîner. Qui, d’elles ou des Stryges parviendra à obtenir sa coopération ? Tandis que Payen parcourt ses terres à la recherche de ses enfants, sa femme s’enfonce dans le désespoir au château, perdue entre l’absence de son fils et celle de son mari, avec pour seule réelle compagnie son cousin Bertaire. Mais le seigneur de Hauteterre est en train de réunir les preuves qui lui permettront de mettre la main sur les terres de Roquebrune...
Une agréable série dérivéeLe volume s’ouvre sur une très belle citation empruntée à Jacques Attali, qui tout de suite donne le ton : «
Ce qui aura la main haute, dans ce récit, c’est le fantastique, l’imaginaire ». Mais les couleurs de ce tome tirent vers les tons minéraux : beaucoup de gris, de bruns et de rouges qui estompent encore les graphismes classiques et travaillés de Michel Suro, elles les imprègnent également du désespoir qui parcourt le récit. Partout de la boue, de la roche, au point que même le ciel plombé semble devenir minéral. On redescend vite sur terre, vers ce Moyen-Âge sombre que domine la violence, celle des seigneurs et celle des inquisiteurs… Les Chimères, rognées, diminuées, enfermées, sont un peu plus visibles que précédemment, cependant, mis à part les personnages d’Abeau et de Cylinia, il n’y a guère de relation entre ce qui se passe au château de Roquebrune et ce grand projet qu’elles entretiennent… Moins novateur que
Le Régulateur et
Le Chant des Stryges,
Le Clan des Chimères n’en reste pas moins, malgré son classicisme, une agréable aventure de fantasy.