Jean Malye n’est autre que le petit-fils du premier directeur de la maison d’édition des Belles-Lettres crée en 1919 avec l’intention audacieuse et louable de mettre à disposition du public les écrits de l’Antiquité. De son grand-père dont il a hérité le nom, il semble aussi avoir reçu un enthousiasme pour les textes anciens. Il inaugure avec Le Secret de Gueule d’Or une longue série d’aventures de 2 jeunes adolescents précipités dans des manuscrits (d’où le nom de la série) qui leur font vivre en direct les hauts faits de l’Humanité de la Conquête des Gaules à la Guerre de Troie, pour l’instant mais d’autres tomes sont prévus en compagnie de Christophe Colomb, du roi Arthur, des Croisés, etc.
Jean Malye s’est déjà distingué dans la littérature jeunesse avec Ma concierge est une sorcière (Hachette, 1991), l’album fluorescent pour les tout-petits La Brillante Histoire du petit vert luisant (Albin Michel, 1993) et, sur le même concept, le Château Hanté (Albin Michel, 2001).
Ma Gaule, qu’est-ce qu’elle a ma Gaule ?
Nicolas et Marie médusés voient leur grand-père disparaître devant leurs yeux aussitôt après avoir prononcé une phrase en latin. Finies les vacances ennuyeuses dans l’appartement bourré de livres et place à l’aventure : les deux adolescents vont faire un grand saut en arrière pour se retrouver dans les parages d’Alésia au moment de son siège par Jules César. De nombreuses questions se posent à eux : comment retrouver leur grand-père et le chemin du retour ? Comment survivre dans un contexte aussi dangereux ? Et si la prof’ d’histoire se trompait sur certaines vérités historiques ?
Les excellentes idées ne font pas forcément les livres excellents
A l’instar de Thursday Next, la fabuleuse héroïne inventée par Jasper Fforde, Nicolas et Marie voyagent dans les livres. Sauf qu’eux se retrouvent dans des textes historiques et sont mêlés malgré eux à de grandes batailles et aux exploits de figures telles que Jules César ou Vercingétorix. Ce postulat de départ est plutôt séduisant, amener les jeunes lecteurs à lire des extraits de textes qu’ils jugeraient trop rebutants est une initiative on ne peut plus louable…Et pourtant…
Pourtant… je n’ai pas été vraiment convaincue par ce premier tome. Je lui reconnais un rythme bien mené et donc susceptible d’entraîner le lecteur sans peine jusqu’au dénouement.
Mais j’ai été gênée par le décalage entre le style de Jules César et le langage très relâché de Nicolas qui réplique à l’Imperator « nous ne pigeons pas tout de l’avenir… ». Et César semble « piger » sans problème ce vocabulaire djeuns…Page 10, l’auteur donne ce ton que j’ai trouvé fort dissonant : « dans ce collège privé, on s’exprime comme dans les banlieues » (les lecteurs de Neuilly, banlieusards eux aussi, apprécieront ce raccourci !), et par moments j’ai eu vraiment l’impression qu’il singeait les paroles des rappeurs !
J’ai été également peu réceptive à l’humour de l’auteur (serais-je trop vieille pour l’apprécier ? Simple question rhétorique, ceux qui se hasarderaient à une réponse positive se retrouveraient immédiatement dans la peau des martyrs chrétiens au moment où l’on lâche les fauves dans l’arène), souvent agressif et peu respectueux de son lecteur.
Malgré ces deux désagréments, je tenterai un autre voyage sur les traces des 2 adolescents et de leur grand-père… Pour voir si le lien entre les deux époques est plus ténu et Nicolas, un peu moins caricatural.