Mars la verte
Kim Stanley Robinson a passé 17 années à effectuer le travail de recherche et d'écriture qui a mené à sa série de romans sur Mars (trois gros volumes, couvrant des dizaines d'années depuis l'arrivée de la première mission de colonisation jusqu'à l'obtention d'une planète viable), et ce travail se retrouve dans le soin apporté aux détails, à la vraisemblance scientifique mais également dans le réalisme et la profondeur de ses personnages. Tout comme les tomes précédent et suivant, Mars la Verte a remporté plusieurs prix prestigieux : Hugo et Locus (1994). La lecture du premier tome, Mars la rouge, est fortement recommandée pour comprendre et apprécier pleinement cette suite ; mais une fois qu'on a commencé la série, on peut difficilement s'arrêter…
Une nouvelle chance mais une menace toujours présente
Les années ont passé depuis l'échec de la révolution de 2061, mais les Cent premiers sont toujours recherchés activement par les services de sécurité des transnats. Pour le commun des martiens, ils sont devenus une légende, des emblèmes qu'agitent les différentes factions de l'underground et de la résistance. Mais les transnationales n'ont pas perdu de temps. L'ascenseur spatial a été reconstruit et la terraformation de Mars s'est accélérée, scindée en autant de projets concurrents qu'il y a de transnats ayant des intérêts sur la planète. Tous les moyens sont bons pour augmenter la pression atmosphérique, sans se soucier de l'impact à long terme. Certaines libèrent les gaz contenus dans la roche, d'autres installent des concentrateurs lumineux sur orbite… Partout, des végétaux modifiés s'installent sur le sol de moins en moins gelé.
Mais la frénésie et le manque de concertation des investisseurs commencent à inquiéter même ceux qui étaient en faveur de la terraformation. Il est temps que l'underground s'organise, mais tant d'intérêts opposés permettront-ils de trouver un terrain d'entente ?
Une grande fresque écologique et politique
La saga des Cent premiers continue, toujours aussi passionnante. Certains ont du, par la force des choses, changer leur fusil d'épaule, et la nouvelle génération n'entend pas laisser une bande de barbons imposer son point de vue. Mars est un monde jeune, et beaucoup de ses habitants veulent expérimenter de nouvelles formes d'économie, de politique. Le style adopté par Kim Stanley Robinson (présenter les événements tels que vus par les yeux de certains des protagonistes principaux) continue à faire merveille pour rendre cet intense bouillonnement intellectuel, par son alternance d'action (jamais gratuite) et de réflexion sur ces nouvelles formes. On retrouve également avec plaisir les descriptions et explications sur la planète rouge, portées par l'enthousiasme et l'amour de ses habitants. Un cycle toujours aussi passionnant, en particulier si on aime la hard SF.