Mort Sûre
Depuis leur création il y a quelques mois, les éditions Akileos jouent la carte de la production étrangère et notamment allemande. C'est une nouvelle fois le cas avec Berlinoir créé par deux auteurs encore inconnus chez nous : Tobias O.Meissner et Reinhard Kleist. La trentaine bien sonnée, le premier est auteur de romans (là encore inédit chez nous) et également scénariste de bandes dessinées. Ayant approximativement le même âge, le second a publié plusieurs BD et a été distingué par le prix Max und Moritz en 1996, une récompense importante de la BD Outre-Rhin.
Le sang en matière première.
L'avenir de Berlin, dans cet album, est bien sombre. Persécutés pendant des années, les vampires ont finalement pris le pouvoir, contrôlant la masse des humains. Ce faisant, ils se sont civilisés. Désormais plus question de mordre à pleines dents des pauvres diables sans leur consentement. Des usines pour récolter le sang des ouvriers ont été construites…
La situation semble figée mais elle ne convient pas à un petit groupe d'hommes et de femmes qui refusent le dictat de la vie éternelle. Terroristes, ils tendent des pièges aux membres de la classe dirigeante avec à leur tête Niall, un de leurs meilleurs guerriers. Mais lors d'une embuscade, il laisse la vie sauve à une jeune vampire, ébauchant leur future relation. Un rebelle et une vampire amoureux l'un de l'autre, est-ce possible dans Berlinoir ?
De bons points.
Hormis un jeu de mots douteux dans le titre et quelques imprécisions dans le dessin, Berlinoir n'est pas inintéressant. Le scénario est relativement original (même s'il a un petit goût de série B) et on appréciera l'ambiguïté de la relation entre les deux héros. Parmi les interrogations qu'elle suscite, comment Niall pourra-t-il résister à la tentation de devenir un vampire et d'accéder à la vie éternelle tout en espérant aider la rébellion ? Côté dessin, les pinceaux de Kleist évoquent par leurs techniques ceux de Guillaume Sorel. Une référence toujours agréable même si le niveau n'est pour l'instant pas le même. Berlinoir est un album qui mérite qu'on s'y attarde pour toutes ces raisons, tout en étant également l'occasion de découvrir un morceau de la production allemande en Bande Dessinée.