Rasta Solitude

Parmi les gens qui ont fait la science fiction en France dans la seconde moitié du XXème siècle, Philippe Curval tient une bonne place. Tour à tour découvreur de talent, journaliste (il exerce encore tous les mois dans Le Magazine Littéraire), illustrateur (pour certains numéros de la revue Fictions à ses débuts), ou bien photographe plasticien, cet homme est également un auteur qui a donné plusieurs romans à la littérature générale comme à la science fiction. On se souviendra de Congo Pantin, L'Homme à rebours, Le Cycle de l'Europe après la pluie, Le Ressac de l'Espace, et plus récemment Voyage à l'envers. A 74 ans passés, le voici qu'il nous offre un recueil de nouvelles chez Flammarion : Rasta Solitude.

11 nouvelles…

En 11 nouvelles, Philippe Curval s'autorise un joli voyage. De la Crête à la côte africaine, en passant par la banlieue parisienne, il visite de nombreuses contrées avec de nouvelles expériences en ligne de mire. On retiendra tout particulièrement Une Tête à soi, la nouvelle qui ouvre ce recueil. Un jeune garçon en mal de futur et d'espoir s'intéresse à un homme bizarre de sa cité pourrie. Mais qui est-il véritablement ? Autre morceau de choix, Blanche neige et un seul nain, sorte de fable cruelle au pays de la jouissance, de la douleur et des automates. Le texte le plus abouti est sans doute Le Sourire du chauve, histoire délirante et irracontable de la fusion de deux êtres. Tour à tour, Curval sait se faire drôle (Canards du doute) ou conteur de récits étranges et inédits.

Mitigé

On est mitigé en tournant la dernière page de ce recueil. Si les thèmes, les histoires et les personnages de Curval ne sont pas inintéressants, il reste une sorte de traitement que l'on qualifiera d'un peu vieillot parfois, sans que cela soit forcément négatif. Simplement, cela manque parfois de dynamisme, de peps ou d'une fraîcheur qui rendrait ces récits passionnants. Là, ils sont juste agréables, comme si l'auteur s'attachait plus aux idées qu'au déroulement de l'histoire. Dommage. Même si l'ensemble mérite sans doute qu'on y jette un œil.