Les Cahiers du Labyrinthe

Les Cahiers du Labyrinthe

Le phénomène est assez rare pour être signalé. Le monde de la science fiction française compte désormais un nouvel auteur. Certes, on avait déjà pu lire Léo Henry dans différentes anthologies (principalement chez l’Oxymore), mais Les Cahiers du Labyrinthe est son premier livre. Né en 1979 à Strasbourg, notre homme a multiplié les petits boulots (à la poste, dans une chocolaterie, chez un librairie) et fait ses classes dans différents fanzines et publications. Il est apparu l’année dernière pour la première fois au sommaire d’une revue professionnelle dans le cinquième numéro d’Emblèmes en 2002 sur la Venise Noire. Depuis il a semé une demi-douzaine de textes avant de les réunir avec une autre douzaine dans Les Cahiers du Labyrinthe.

Résolument fantastique

L’imaginaire de Léo Henry est résolument tourné vers le fantastique dans ce recueil. Il aime ces instants ou la réalité dérape pour mettre le lecteur mal à l’aise. Surtout il aime les retournements de situations de dernières minutes où tout s’éclaire. Pour preuve, le final d’Art de la fugue et le dialogue à bâtons rompus entre un automobiliste et une jeune auto-stoppeuse qu’il a pris à bord. On citera également Défaits et l’histoire d’amour cet homme, revendeur de drogue, qui oscillent entre le conte de fée et le sordide. Ou bien encore Ne la laisse pas s’enfuir et le lien téléphonique impromptu entre deux personnes dans une cabine.

Si Léo Henry aime donc surprendre, il aime aussi s’amuser. On lui découvrira de l’ironie en ce mettant lui même en scène pour Lettre ouverte à cet autre qui est moi. Où comment un homme s’invente un double auteur pour percer dans la littérature. Même chose pour Ex Nihilo Nihl où un étudiant crée un univers virtuel qui doit ressembler à une utopie et rappelle furieusement notre monde.

Diversité de style

La diversité fait partie de ce recueil. Son auteur joue avec de nombreux thèmes sans jamais vraiment s’éloigner du fantastique. On appréciera surtout son goût des ambiances et une narration qui prend souvent son temps pour bien poser les choses (On lira pour s’en convaincre Merry Mélodie et la solitude glacée d’une jeune étudiante parisienne). Il y a de la qualité et une véritable plume en train de naître dans ces 12 nouvelles. Un roman est paraît-il dans ses tiroirs. On sera curieux de le lire. S’il est difficile de deviner le futur parcours littéraire d’un tout jeune auteur, Léo Henry possède l’imagination et le talent pour faire son petit bonhomme de chemin avec sans doute encore de belles réussites à la clef. En tout cas ces Cahiers du Labyrinthe sont prometteurs. A lire