charlotte
- le 27/09/2018
Pierres de sang
Voilà deux petits nouveaux sur la scène de la bande dessinée. Manuel Bichebois est allé jusqu’en Maîtrise de biologie avant de se réorienter et d’intégrer une école de design pour se lancer dans le monde des jeux vidéos. Il rentre à Kalisto Entertainment en tant que graphiste avant de se consacrer totalement à l’écriture. Il travaille aujourd’hui comme scénariste pour la société de figurines pour jeux de plateaux Rackham. Il a également écrit et réalisé un court métrage. Bichebois ne se contente pas d’aborder un seul média, voilà pourquoi on le retrouve aujourd’hui chez les Humanos. Didier Poli vient du dessin animé. Il a travaillé pour Disney (Tarzan, Kuzco), Dupuis Animations (Papyrus) avant de devenir directeur artistique chez Kalisto Entertainment, puis chez Rackham. Poli signe ici sa première bande dessinée.
Eclair et miracle
Un jour d’orage, le chasseur Moskip est attiré par des cris au cœur de la forêt. Il trouve la source de ces pleurs et découvre, au pied d’un arbre, une femme à moitié foudroyée mais dont le bébé est encore vivant. A côté d’eux se trouve un sac rempli de pierres rouge-sang étrangement légères. Sa femme et lui ne peuvent avoir d’enfant, il décide donc de le ramener au village malgré les avertissements des autres membres de la tribu qui l’encouragent plutôt à l’abandonner. Son fils adoptif se nommera Laïth parce qu’il « sera la lumière de sa vie ». Les années passent et l’on retrouve le jeune Laïth adolescent. Il a été adopté par le clan et coule des jours heureux. Pourtant, tout le monde a pu s’apercevoir qu’il est doué de qualités physiques exceptionnelles. De plus, ses parents cachent aux autres que les jours d’orage, Laïth est pris de crises de plus en plus violentes. Longtemps, il aurait pu dissimuler ce mal si un incident n’était survenu lors d’une partie de chasse. Daeb, est tué par un sanglier furieux. Tous les enfants sont sous le choc, Laïth tient son ami dans ses bras et hurle sa peine. A cet instant, un éclair jaillit de son corps et redonne vie à Daeb.
Un bon premier tome
Ce premier tome plante le décor en plaçant les éléments qui prendront toute leur ampleur dans les tomes suivants. Les auteurs ont pris le parti d’expliciter certaines choses dans un prologue au lieu de faire plonger directement leurs lecteurs dans l’aventure. C’est un excellent choix puisqu’ils développent ainsi un autre thème celui de la relation père-fils. Souvent les récits occultent rapidement les liens familiaux sauf si ceux-ci sont compliqués par des rapports violents. Le héros se reconstitue en général une famille de substitution en s’entourant de compagnons fidèles. Ici, celui qui aide son fils à grandir et à comprendre ce qui lui arrive est Moskip, son père adoptif. Le lien qui les unit est plus fort que les liens du sang. Le scénariste s’appuie sur ce rapport sans jamais tomber dans la niaiserie.
Le jeune Laïth est détenteur d’un bien étrange pouvoir qui peut s’avérer aussi dangereux que salvateur. Est-ce parce qu’il est né un jour d’orage qu’il peut en appeler à la force des éclairs ? Son pouvoir ne va-t-il pas attirer la convoitise d’êtres malveillants ? Et quelles sont ces fameuses pierres rouges dont personne ne connaît l’origine ? Si le thème de la quête est relativement classique, il n’en reste pas moins que l’on se prend rapidement au jeu notamment grâce à la personnalité attachante du petit Laïth. Poli invente une race humanoïde qui nous transporte d’emblée dans un monde imaginaire. Ce monde emprunte autant au médiéval fantastic qu’au steampunk, ce qui a de prime abord un effet assez déconcertant (il est étrange de voir surgir tout à coup des machines de guerre en cuivre). Cependant, Poli se concentrant surtout sur les visages de ses personnages à grand renfort de plans serrés, la lecture n’en est nullement gênée et le résultat est plutôt sympa. En bref, Pierres de sang est un bon premier tome qui installe intelligemment l’intrigue. Gageons que la suite des aventures de Laïth sera prenante.