La Révolte des ombres

La Révolte des ombres

Pour son premier essai dans la SF, Ludovic Albar s'est lancé dans une imposante trilogie dans laquelle il décrit avec minutie les rouages politiques de la guerre qui va s'abattre sur le système solaire.

Sur les traces de Frank Herbert

2940 : le système solaire est colonisé dans sa quasi totalité par notre espèce. Malheureusement la guerre totale est en train d'éclater sous nos yeux. Sur Terre, les immortels qui opprimaient les humains se voient obligés de faire face à une révolte générale. Mars vient de sombrer dans une dictature militaire. Le Quantex, un Internet instantané qui relie les hommes est en train de défaillir…

Densité, complexité, oui mais…

Dans le premier volume : Le Songe des immortels, Ludovic Albar avait planté le décor et nous laissait attendre de nombreux rebondissements. Malheureusement, il poursuit sa narration stroboscopique (65 chapitres pour 406 pages, ça fait à peine plus 6 pages en moyenne). Si elle a l'avantage de donner une lecture facile et évite ainsi les longueurs comme a pu en donner de brillantes démonstrations Frank Herbert dans Dune, elle a le fâcheux inconvénient de ne pas permettre à l'auteur d'installer ni ambiance, ni personnages. Il enchaîne les causes et effets avec plus de quinze points de vues différents et comme la première partie date d'un an, le lecteur est vite submergé (malgré la présence du récapitulatif) entre se remémorer qui est qui et quels sont les enjeux de chacun et le développement actuel du conflit. C'est vraiment dommage car ce parti pris narratif, cette éjaculation précoce de la plume, nous laisse dans un intense état de frustration. Les personnages sont réduits à leurs fiches signalétiques sommaires : Lewis Khandra / The super gentil / messie genre Paul Atréides / espion martien / découvre ses pouvoirs télépathiques / va sauver (très probablement) le système… En fait, lire Quantex, c'est regarder une partie d'échecs en accéléré pour laquelle on connaît déjà le vainqueur.

Une écriture qui entache le propos

Néanmoins, ces défauts n'arrivent pas à gâcher le tout (même si au bout du compte on arrive à plus de 90 pages blanches sur 400 ! et ça, c'est dur à avaler pour un bouquin à 20 euros). Ludovic Albar a énormément travaillé son livre univers et n'arrive seulement pas à le présenter de la meilleure manière qui soit. Il tombe dans le catalogage genre cours d'histoire-géo hyperchiants et nous sert un messie qui n'est que l'ombre de Paul Muad'Dib.

Comme à la fin du premier volume, on reste sur l'idée de juger la trilogie sur son ensemble car la démonstration des causes et conséquences de la guerre demeure intéressante. Reste à Ludovic Albar d'éviter les principaux écueils qu'il a lui-même placés sur sa route, à savoir :
1/ une happy end mielleuse où le gentil espion martien et la gentille immortelle terrienne regarderont sereinement l'avenir en pensant à tous les petits télépathes immortels qu'ils vont devoir concevoir pour repeupler le système d'une humanité meilleure…
2/ le combat final entre le super gentil espion martien (encore lui) et le méchant martien qui a tué son père.
3/ un coup à la Leto et sa symbiose avec les truites des sables pour la forme de vie d'Europe que l'on a croisé deux ou trois fois (et qui doit bien servir un jour ou l'autre).

Bref, on demande la même chose qu'à la fin de Quantex 1 : de la vie ! Des rebondissements, de l'humanité, des surprises et surtout, surtout de prendre un peu plus de temps pour développer les chapitres. Le temps écoulé entre le premier et le deuxième volume a grandement contribué à cet état de fait, espérons n'avoir pas un an à attendre pour la parution du dernier volume. Une chose est sûre à ce jour, si la trilogie Quantex mérite d'être lue, c'est d'une seule traite et pas en pointillés.

Pour Quantex 3 : encore de l'espoir

Espérons tout cela et aussi que Manchu soit plus inspiré que cette fois-ci pour la dernière couverture de Quantex, comme il l'avait été pour la première par exemple. Espérons...