Le Miroir de Satan

Le Miroir de Satan

Les éditions Fleuve noir ont choisi de rééditer un roman de Graham Masterton fort étrange, fort diabolique. Le Miroir de Satan, édité pour la première fois en 1987, est un clin d'œil ou plutôt une sorte d'hommage au Portait de Dorian Gray, à Lewis Carroll et son oeuvre De l'Autre Côté du Miroir et à Hollywood et ses vedettes des années 30. "Le dragon Rouge" est de retour dans ce roman surprenant à travers le thème du miroir, voleur d'âmes et lieu de prédilection du mal.

La porte vers l'apocalypse...

Martin Williams est scénariste. Pour l'instant, il écrit surtout les scénarios de L'Agence tout risque: pas passionnant, mais alimentaire... Depuis quelques années, il se passionne pour l'histoire de Boofuls, un enfant-star d'Hollywood des années 30, tué sauvagement par sa grand-mère et découpé en 212 morceaux.

Plaqué par sa copine, Martin doit remeubler son appartement. Il apprend alors, qu'une femme est prête à vendre les meubles ayant appartenu à Boofuls. Martin se rend là-bas et fait l'acquisition d'un miroir, miroir qui aurait été témoin de l'assassinat de Boofuls. Les miroirs, c'est bien connu, sont parfois des portes vers d'autres mondes où l'âme peut se réfugier... Et Martin va l'apprendre à ses dépens.

... vers l'antichambre de l'Enfer

Le Miroir de Satan diffère des autres romans de Graham Masterton. Ici, les thèmes sont les mêmes que dans ses autres récits : la mort, les esprits, le spiritisme... mais c'est dans le côté noir qu'il surprend. Graham Masterton décrit des scènes extrêmement violentes et d'une cruauté insoutenable : un homme se mutilant la langue avec des ciseaux, une femme s'immolant, une scène de tuerie avec un chat, un homme se crevant les yeux et les tympans avec des cure-dents... Les descriptions sont tellement détaillées, tellement réelles qu'elles en deviennent dérangeantes.

Autre point étonnant de ce roman reste l'allusion à Lewis Carroll et le rapprochement entre son roman De l'Autre Côté du Miroir et La Bible. Ainsi, Lewis Carroll aurait voulu donner un avertissement ayant lui-même traversé un miroir : "A l'intérieur du miroir c'était le domaine des démons, l'antichambre de l'Enfer lui-même". Surprenant car l'hypothèse de Graham Masterton est ponctuée de nombreux arguments : "Dans le pays au-delà du miroir, dans le monde des reflets, se trouve la vie après la mort, et la vie avant la mort." Et ainsi, il base toute son intrigue sur ce thème du reflet : Satan se refléta dans les eaux du Jabbok (allusion à Jabberworck) lorsqu'il est tombé des cieux et y trouva refuge. Le seul moyen de le faire revenir dans notre monde et de réunir les restes dispersés de son corps et son esprit pourra repasser de l'autre côté du miroir.

Je l'avoue, il a tout de même de nombreux défauts, notamment la fin un peu trop facile, les restes du diable un peu trop "draconiques", un diable à l'aspect un peu trop matériel et qui est incapable de se défendre... Le Miroir de Satan est un livre à lire plutôt par curiosité et pour ses clins d'oeil.