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Le Cheval de Troie

Valérie Mangin (Scénariste), Thierry Demarez (Dessinateur, Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/03  -  BD
ISBN : 2845657226
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charlotte   - le 31/10/2017

Le Cheval de Troie

Celle qui était avant la femme de Denis Bajram s’est fait un nom dans la bande dessinée grâce à ses scénarios maîtrisés et denses. Le Fléau des Dieux lui a permis d’être connue du grand public et de faire ses preuves. Au vu du succès remporté par cette série, les éditions Soleil Productions lui font confiance et elle se lance dans l’écriture d’un nouveau scénario qui racontera cette fois l’histoire d’Enée, dont le fils fondera Rome. Le premier tome du Dernier Troyen sort donc logiquement en même temps que l’avant dernier tome du Fléau des Dieux. Un cahier de huit pages en couleurs, seulement disponible avec la première édition, raconte l’histoire de la fondation de Rome. Symboliquement les deux dessinateurs y ont participé comme pour mieux marquer le lien qui unit ces deux séries.
En effet, ce n’est pas Aleksa Gajic, le dessinateur du Fléau des Dieux, qui met en image ce premier tome. Valérie Mangin collabore ici avec Thierry Demarez. Aujourd’hui décorateur à la Comédie française, il a suivi diverses formations, des Beaux-Arts de Valenciennes à une formation de peintre en décor en passant par une école de maquettisme. Il manie plusieurs techniques : huile, encre, aquarelle ou acrylique et est apparemment aussi à l’aise dans l’élaboration de décors de théâtre qu’en bande dessinée. Il a déjà publié un album d’héroïc fantasy chez Soleil, Le Continent Premier, sur un scénario de Jean-Christophe Derrien.

« De la famille royale de Priam seul survivra le sang d’Enée »

La guerre fait rage entre Troyens et Achéens depuis dix ans sans qu’aucun des camps ne prennent l’avantage. Beaucoup d’anonymes sont morts mais aussi des grands héros. Pourtant, les dieux ont décidé de la fin et de l’anéantissement de Troie. La ville à la tour imprenable fête le départ des Achéens qui ont soudainement levé le siège ne laissant derrière eux qu’un immense astéroïde en forme de cheval. Alors que la femme d’Enée et le grand prêtre d’Apollon y voit un piège, Priam décide tout de même de faire rentrer le cheval dans Troie la troglodyte. Un Achéen capturé sur l’astéroïde lui a en effet révélé que celui-ci était une offrande à la déesse Minerve afin de calmer sa colère suite à leur départ. Priam est fier de faire rentrer dans sa ville le symbole de la déroute des Achéens, il signe alors la fin de Troie.

« Avant la fondation de la Rome stellaire, seuls ont le droit d’exister les mythes et les légendes… »

Valérie Mangin développe l’univers qu’elle a créé ; Le Fléau des Dieux et Le Dernier Troyen s’inscrivent maintenant dans une nouvelle perspective, celle des Chroniques de l’Antiquité galactique. Dans Le Fléau des Dieux, elle revisitait l’histoire d’Attila et celle de Rome la cité éternelle. Pour ce second volet de la désormais saga de ses Chroniques elle décide de dévoiler les origines de Rome dont les racines plongent dans la destruction de Troie. Le Dernier Troyen est donc chronologiquement antérieur au Fléau des Dieux puisqu’il narre l’histoire des descendants d’Enée à savoir les Romains. Fidèle à elle-même Mangin revisite l’histoire antique et s’inspire ici de L’Iliade d’Homère et de L’Enéide de Virgile. Elle choisit pour ce premier tome de ne s’intéresser qu’à l’ultime épisode de la guerre de Troie, celui du « cheval de Troie » et de la destruction de la Cité. On comprend aisément ce choix, ce qui importe c’est de montrer les origines de son héros, Enée, le pourquoi de sa future errance, sa fuite forcée avec quelques autres rescapés.

Bien que les dessinateurs soient différents, on ne peut s’empêcher de comparer le trait de Thierry Demarez et celui de Gajic. Honnêtement, Demarez ne s’en tire pas trop mal, il maîtrise certes moins bien les scènes de combats, mais il s’en tire avec les honneurs. Les auteurs inspirés parviennent même à nous surprendre avec quelques trouvailles telles que les « Icare ». Il y a tout ce qu’il faut, de l’action, de l’émotion, un Destin implacable soumis à la volonté des Dieux, des personnages bien campés… Pourtant, il manque le souffle épique que l’on attendait, mais cela se construit aussi avec le temps et les albums. Si cet album est une épopée guerrière, les autres tomes devraient l’être moins puisque L’Enéide est surtout une épopée personnelle, tout en étant nationale - Enée étant le père et le modèle des Romains -, une quête identitaire à travers la recherche d’une nouvelle terre. En effet, le poème épique de Virgile tient plus de L’Odyssée que de L’Iliade.

On suivra donc avec attention l’évolution de la série. Une nouvelle fois Valérie Mangin travaille avec une aisance et une grande souplesse les mythes anciens pour, non pas leur redonner un nouveau souffle – ces grands mythes et textes n’en ont pas besoin – mais plutôt pour montrer leur éternelle efficacité. Ceux qui ont apprécié Le Fléau des Dieux auront, certainement, déjà eu la curiosité de lire Le Dernier Troyen, quant aux autres on ne peut que leur recommander la lecture de ce space opera.

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